• Culture
  • Société
  • Sport
  • Environnement
  • Politique
  • Religion
Allo ici Kpénahi
Article : 14-18, la résistance de « l’abri des pèlerins »
Société
0
25 mars 2014

14-18, la résistance de « l’abri des pèlerins »

L'abri des Pèlerins fait partie des rares maisons autour du cimetière de Douaumont
L’abri des Pèlerins fait partie des rares maisons autour du cimetière de Douaumont

Une ferme appelée la ferme du Thiaumont, un  lieu d’hébergement des ouvriers qui ont construit l’Ossuaire de Douaumont (nécropole inauguré en 1932, afin d’offrir une sépulture décente aux soldats tombés à Verdun pendant la Guerre de 14-18), une aumônerie. Ce sont les nombreuses transformations que le café-restaurant « l’abri des pèlerins » a connues depuis la Grande Guerre jusqu’ à nos jours.

Situé sur le champ de bataille, il a une architecture anglo-normande avec des fenêtres guillotines, des murs en petites briques grises. A l’intérieur, les chaises et les tables disposées de façon rectangulaire. Tout est calme, aucune musique, même pas en fond sonore. Tout est fait pour ne pas troubler le sommeil des morts. Le nom de ce café-restaurant « l’abri des pèlerins » en dit long sur l’ambiance qui y règne. « Autrefois, il  accueillait les pèlerins qui venaient sur les traces de leurs familles disparues », raconte la propriétaire Sylvaine Vaudron. C’est comme si le vent de tranquillité et de recueillement du cimetière militaire soufflait jusque dans cet espace.  On a l’impression d’y communier avec ces milliers de soldats couchés sous des croix blanches à quelques centaines de mètres de là.  De vieilles photos en blancs et noires du village de Douaumont sont accrochées aux murs. Au-dessus du bar, les drapeaux français, américain, allemand, italien, suisse, européen sont plantés dans un pot. Symbole et souvenirs du passage de citoyens du monde. Madame Vaudron tient à préserver la sérénité et le respect qui caractérise ce lieu hautement historique et symbolique de la Première Guerre Mondiale.

Le cimetière et le café se côtoient
Le cimetière et le café se côtoient

« Je préfère être ici qu’à Verdun. L’aspect très calme, on a les petits oiseaux qui nous réveillent le matin on n’a pas l’impression d’être dans un lieu triste. Le passé de Douaumont est très lourd, mais on est en même temps dans un cadre de vie unique. C’est empreint de beaucoup de recueil. Quand les gens viennent ici, ils sont calmes, on ressent un certain respect face à ce cimetière à ciel ouvert. C’est pour cette raison que dans le restaurant, nous ne mettons pas de musique. C’est une volonté personnelle de notre part pour que les gens, quand ils rentrent chez nous, ils  continuent de réfléchir à ce qu’ils viennent de voir. Qu’ils se rendent compte de la fragilité du monde dans lequel nous vivons. »

Un village mort, huit habitants

Plus de 10 ans que la famille Vaudron a quitté Domrémy-la-Pucelle (Les vosges) pour reprendre le restaurant. Il était géré auparavant par Marie-Claude Minmeister, maire sortante de Douaumont, l’un des 9 villages dits « morts pour la France » et l’un des trois où il reste encore de la vie humaine malgré le nombre très réduit de ses habitants. Ils sont en effet huit personnes qui habitent Douaumont. La Famille de Sylvaine Vaudron et la famille d’Olivier Gérard, le directeur de l’Ossuaire. Lors des élections municipales le dimanche 23 mars dernier comme dans toutes les communes en France, les habitants ont voté. Scénario inimaginable, six électeurs ont voté pour les six candidats. Résultats, on connaissait déjà la composition du conseil municipal de Douaumont.

Le frère de la propriétaire de « l’abri des pèlerins », Richard Enrici ne cache pas non plus son sentiment de vivre dans un village de moins de 10 habitants. Il a longtemps vécu à Paris avant de rejoindre sa sœur à Douaumont pour profiter « d’une vie tranquille loin des grandes villes. » Et sa sœur s’est laissée aller dans le récit d’une expérience vécue avec sa petite-fille.

Sylvaine Vaudron
Sylvaine Vaudron

 « Je suis ravie d’être là, pour rien au monde je laisserais ma place. J’ai cinq petits-enfants. Quand ils viennent ils me disent mamy tu viens on va aller voir la guerre ? Pour eux c’est comme un jeu.  Un jour je me promenais avec ma petite fille de 8 ans qui ne savait pas encore bien lire. Elle me demandait ce qui était écrit sur les croix. Je lui expliquais que c’est le nom d’un soldat, et c’est marqué mort pour la France. Elle a posé sa main sur le côté de la croix et fièrement, elle a dit mort pour la France. Elle passe à la deuxième ligne, elle remet la main, mort pour la France. Elle m’a fait toute la ligne comme ça, mais vraiment avec un respect que j’en étais émue. J’en ai encore des frissons. Elle est petite mais elle a compris qu’ils sont morts pour notre pays. »

Kpénahi Traoré

Lire la suite
Article : La Première Guerre Mondiale sur la toile
Société
1
22 décembre 2013

La Première Guerre Mondiale sur la toile

Image de la Première Guerre Mondiale
Archive de la Première Guerre Mondiale

Environ 70 familles venues de Lille et ses alentours (Valenciennes, Arras, Calais, Boulogne) ont partagé des documents et des objets de leur histoire. Les 9 et 16  novembre derniers, les habitants de la région du Nord étaient invités à venir numériser aux archives départementales du Nord et à la Bibliothèque municipale de Lille leurs souvenirs de la Grande Guerre. Quel bilan un mois après cett collecte ?

Des casques, des vases, des cartes postales, des lettres, des photographies, des journaux, c’est en grande majorité ce qui a été collecté par la Bibliothèque municipale de Lille après la grande collecte de novembre dernier. Surtout 3 visionneuses d’images et près de 500 plaques photographiques trouvées selon Céline Verwaerde responsable de l’action culturelle à la Bibliothèque municipale de Lille « par un homme qui vidait la maison de ses arrières grands parents ». Ces souvenirs ont été numérisés sur place et remis aux propriétaires ou gardés pour ceux qui ont décidé d’en faire don à la région. Les contributeurs ont été motivés par différentes raisons. « Certains n’ont plus de descendants pour les garder, donc ils nous les apportent.  D’autres restent quand même très très attachés à leurs objets et ils ne veulent pas s’en séparer » justifie Céline Verwaerde.

 « L’idée a été de collecter le maximum de documents autour de la guerre 14-18. Il faut que les documents aient un lien avec la collecte et l’histoire familiale ce qui rejette tous les objets trouvés dans les brocantes » nuance Céline Verwaerde. Elle n’a pas caché sa « surprise de voir les gens ouverts à cette collecte et qu’ils acceptent de dévoiler cette page intime de leur vie ».

Vu le succès de l’opération, les bases de saisie restent ouvertes et ceux qui sont intéressés peuvent venir sur rendez-vous pour faire numériser leurs souvenirs, même après le délais imparti pour la collecte. « L’importance de cette collecte pour la Bibliothèque municipale de Lille est de participer à la dynamique de grands projets européens et d’intégrer de nouvelles richesses qui seraient restés dans les placards » explique Céline Verwaerde. La Bibliothèque municipale envisage courant 2014 une exposition des reproductions et des versions numérisées des documents et objets.

Soldats dans les tranchées (archive)
Soldats dans les tranchées (archive)

Cette opération fait partie de la campagne Europeana lancée dans toute l’Europe pour numériser et archiver la mémoire de la guerre de 14-18 dans le cadre de la commémoration du centenaire cet événement historique. Toutes les archives numérisées sont conservées dans une base de données et publiées sur le site Europeana.

Lire la suite
Article : Les salariés de la Redoute contre la suppression d’environ 700 emplois
Société
2
8 novembre 2013

Les salariés de la Redoute contre la suppression d’environ 700 emplois

Les salariés de la Redoute soutenus par les syndicatsPh. Kpénahi
Les salariés de la Redoute soutenus par les syndicats
(Ph. Kpénahi)

Les employés de La Redoute sont descendus dans la rue à Lille -malgré une pluie incessante- ce jeudi 7 novembre pour manifester contre la suppression d’environ 700 emplois et réclamer des garanties sociales à leur employeur.

« Ils veulent supprimer La Redoute. Ils ne veulent plus de La Redoute. Notre souci c’est qu’il n’y a pas de repreneur ni de garanties. Et même s’il y en avait, on ne sait pas ce qu’ils vont décider », déplore Emmanuelle, une manifestante.

« Pour Pinault*, défilé de mode pour Yves Saint Laurent et défilé de licenciements pour La Redoute » ; « Entreprise familiale devenue grâce à Pinault un chaos social », pouvait-on lire sur les pancartes de certains manifestants.

Ce sont près de 1200 manifestants, selon la préfecture et 1500, selon les syndicats qui ont marché à travers Lille avant de rejoindre la Grand’Place où les délégués syndicaux ont pris la parole les uns après les autres. Ils se sont ensuite rendus à une rencontre avec Martine Aubry, maire de Lille.

« Pinault, c’est foutu, les salariés sont dans la rue » ; « Zéro, zéro, zéro sur le carreau, 10 ans, 10 ans, 10 ans de garantie »,  scandaient les manifestants en brandissant les drapeaux aux couleurs des différents syndicats.

« Les employés de la Redoute sont déterminés à se battre pour des garanties sociales durables pour tous », a lancé Jean-Christophe Leroy du CGT. Il a aussi ajouté : « Zéro licenciement parce que l’entreprise a les moyens de garantir tous les emplois et tous les salaires. »

Les manifestants Grand'Place de LillePh. Kpénahi
Les manifestants Grand’Place de Lille
Ph. Kpénahi

La première manifestation avait réuni près de 500 salariés, mais celle de ce jeudi a vu la participation d’autres syndicats: CFDT, CGT, CFE-CGC et même des partis politiques se sont joints à la marche. « Nous sommes là au nom de la commune de Roubaix, qui a besoin de garder ses emplois, pour soutenir les employés de La Redoute. Nous demandons à Martine Aubry et même au président de la République d’intervenir pour une solution convenable à tous », a plaidé Dembo Canté membre de la représentation local du PS à Roubaix.

L’actionnaire de la Redoute, entreprise spécialisée dans la vente en ligne en France et dans plusieurs autres pays,  le groupe Kering a entrepris de se séparer de sa branche distribution. Ce qui occasionne le licenciement de 700 salariés. La Redoute emploie plus de 2500 personnes en France.

* François Pinault est le patron du groupe la Redoute

Lire la suite
29. oct.
2013
Société
5

Roms, que font les associations ?

La communauté rom est le sujet phare de ces dernières semaines. Plusieurs camps ont été évacués à Lille. Face à cela, que font réellement les associations de défense des droits humains ? A quoi servent-elles ?

Une famille rom prête à quitter le camp de Lille sud
Une famille rom prête à quitter le camp de Lille Sud

Debout sous la pluie, appareil photo accroché à son coup, Pierre-Claude Courtois fait des va-et-vient à l’entrée du camp de Lille Sud. Il regarde avec regret, les voitures s’éloigner. Des familles roms viennent d’être évacuées. Impuissant, il ne peut que leur faire un signe d’au revoir de la main. « Ils disent qu’ils vont en Roumanie. Mais je n’en suis pas sûr. Il y a beaucoup de terrains vides avant la Roumanie », murmure-t-il. Pierre-Claude est membre de l’association ATD quart monde. Il a pris l’habitude de rendre visite à ces familles roumaines et à discuter avec elles. Aujourd’hui, il assiste à leur départ sans pouvoir les aider. A travers lui, plusieurs associations de lutte pour les droits humains se retrouvent dans cette situation.

Amnesty International, Atelier solidaire, ATD quart monde, Ligue des droits de l’homme (LDH), Collectif solidarité Roms de Lille-Métropole : ils sont tous montés au créneau pour s’indigner face à l’évacuation des Roms de la métropole lilloise. Le délégué régional de la Ligue des droits de l’homme, Georges Voix s’insurge : « Les Roms ont des droits. On les met dans une situation où ces droits sont bafoués. »  A ceux qui pensent qu’il y a trop de Roms en France, il répond : «  Ce n’est pas une invasion. Le nombre de Roms en France est à peu près stable depuis le début. Ils sont environ 20 000 à 25 000 en France. »

Face à l’évacuation des Roms, Georges Voix déplore « l’impuissance des associations » surtout la LDH. Il défend son association qui intervient à un niveau précis. « Premièrement, nous ne sommes pas une association humanitaire. L’humanitaire s’apprend. Il faut pouvoir collecter les besoins sur le terrain, trouver ces besoins et les distribuer. »

Caravanes roms sur le camp de Lille SudPh. Kpénahi
Caravanes roms sur le camp de Lille Sud
Ph. Kpénahi

Fort heureusement, le rôle des associations ne se limite pas à des déclarations à tout-va. Les associations existent pour défendre les personnes brimées dans leurs droits et aussi faire respecter ces droits. Pour Pierre-Claude Courtois d’ATD quart monde, « les associations sont là aussi pour faire des propositions, pour aller sur le terrain, et faire pression sur les politiques pour améliorer les choses. » Pour ce qui est des moyens de pression, les associations ont comme arme principale les manifestations. Elles demandent aussi des rencontres avec les décideurs politiques, adressent des courriers de protestations aux élus locaux. Ce qui reste insuffisant. Des propositions sont également faites, mais restent le plus souvent lettres mortes. L’une de ces recommandations pour le collectif solidarité Roms de Lille-Métropole a été de « demander à ce que chaque commune accepte d’accueillir 2 ou 3 familles roms. Ce qui n’a pas été respecté. » Mais selon Georges Voix, rien n’y fait. « Cela dépend de la volonté et du courage des politiques. Cette volonté est malheureusement absente. »

Dans la continuité de leur action, la LDH a initié des projets d’intégration des Roms dans la société française, notamment avec des cours de Français. Mais de l’avis de Georges Voix, les ressources financières étant limitées, il est difficile d’élargir le programme à un grand nombre de Roms.

Lire la suite
13. sept.
2013
Société
0

Roland Ndekploman, être ou ne pas être

Roland Polman
Roland Polman

Pourquoi s’identifier à l’autre si on peut être soi-même ? L’école des champions, Super copter, Arsène Lupin, le commandant Cousteau. Roland Ndekploman alias Polman s’imaginait dans la peau de ces personnages. Petit-à-petit, il prend conscience et cherche à se forger. Il ne veut plus ressembler, mais être.

Plantu ou Obama ? «Aucun des deux » lâche-t-il simplement quand on lui demande qui est son modèle de réussite ? Il n’a pas un personnage modèle à qui il s’identifie. Ou, refuse-t-il de s’identifier à une quelconque personne? Pourquoi ? Peut-être pour garder sa singularité et construire sa propre personnalité. L’unicité de chaque être, il y croit et ne manque pas de le dire. « Toute personne est singulière. Il faut se chercher, se trouver et assumer ce qu’on est » estime-t-il.

C’est dire combien l’homme veut se démarquer du cheminement classique d’une vie, de la banalité de l’humain. Il est à la recherche d’un petit quelque chose qu’il n’a ni chez Plantu, ni chez Obama. Et cette chose,  Roland Ndekploman l’a sans doute trouvée chez    un personnage emblématique et visionnaire, Steve Jobs. Oui, il a bien fini par trouver quelqu’un qui l’inspire, dont il partage les principes et valeurs. Valeurs qu’il résume dans cette phrase « aimer la simplicité, la qualité, la perfection, l’élitisme. » Son admiration pour Steve Jobs s’est accentuée après le discours de celui-ci à l’Université de Stanford en 2005. Ce qu’il en retient, « faire ce qu’on aime vraiment, même si personne n’y comprend rien. » Il avoue avoir, grâce à ce discours, réellement compris et adopté les principes de ce dernier. Cela l’a incité à vouloir être lui. Néanmoins, Roland n’affirme pas transformer la face du monde. Contrairement à la mégalomanie du père d’Apple, il émet un peu de réserve quant à ses ambitions. « Je n’ai pas la prétention de changer le monde, mais juste exprimer mes sentiments, apprendre des choses aux gens. »

Participer à l’épanouissement de son prochain, Ndekploman ressent ce besoin. Du  moins il le perçoit comme un devoir. La question de l’éducation semble donc être pour lui le domaine idéal pour accomplir cette tâche. Probablement a-t-il été influencé par sa mère institutrice. Pour se faire entendre, le dessin devient son cheval de bataille. Il use de ses caricatures pour glisser des messages sur l’éducation, et s’adresser à un large public. En somme, « dire beaucoup à travers un simple dessin. » Il a certainement du Plantu en lui. Partir de peu, pour un résultat remarquable. Ne se rapproche-t-il pas du rêve américain ?

Lire la suite
19. août
2013
Société
4

« J’ai eu une révélation et je suis devenu vacher »

Daniel Vallat et ses vachesph. Céline Miault
Daniel Vallat et ses vaches
(photo: Céline Miault)

C’est l’histoire d’un vacher installé dans la montagne sur le « crêt de bœuf » dans les environs du Col du Merdaret.  Je l’ai rencontré lors d’une randonnée dans le massif de la Belledonne, dans les alpes françaises. Depuis le sommet, Daniel Vallat mène son activité à environ 2000 mètres d’altitude. Loin des regards, il prend soin de ses vaches.

Daniel Vallat a vu le jour en 1978, à Colombe-lès-Vienne, commune située dans le département du Rhône. Son père était maçon et sa mère ouvrière dans une usine de textile. Enfant, il n’a jamais pensé que sa vocation le conduirait un jour dans les alpages. Et pourtant, c’est le cas aujourd’hui. Depuis trois ans, Daniel passe ses journées à s’occuper de ses 288 vaches appartenant à 13 éleveurs.

 

Tu seras vacher

Avant de se révéler vacher, il a d’abord travaillé comme ouvrier dans des usines, sur des chantiers. Il a aussi été au chômage avant de trouver sa voie. Se consacrer au bien-être des animaux. Cette idée lui ai venue comme une révélation. Une bénédiction divine serait-on tenté de dire.

« J’avais 26 ans, ma copine venait de me quitter, je n’avais plus de boulot. Mes amis se sont éloignés de moi. J’étais dans une sorte de dépression quand j’ai eu cette révélation. Un jour alors que je me regardai dans la glace, trois phrases ont résonné dans ma tête. ‘’Je tue. Je suis bien. Je suis un vacher’’ », raconte-t-il.

A partir de ce  moment-là, son destin était scellé. Presque convaincu que sa mission sur terre le prédestinait au gardiennage de troupeaux, il a donné une nouvelle orientation à sa vie. On pourrait donc dire que Daniel Vallat n’a pas choisi d’être vacher, mais c’est plutôt ce métier qui l’a choisi. Il suit alors pendant six mois une formation bergers-vachers d’alpage. Il apprend les techniques d’approche des troupeaux, comment leur parler et les soigner. Selon lui, une formation qui n’était pas obligatoire mais nécessaire quand on n’est pas issu d’un milieu paysan.

« C’est une porte d’entrée dans le métier, un moyen de connaître des éleveurs, des bergers, d’avoir des notions ».

Daniel Vallat s'occupe d'un veauPh. Céline Miault
Daniel Vallat s’occupe d’un veau
(Ph. Céline Miault)

Plus qu’un vacher, un guide

Entre Daniel et ses protégées, c’est plus qu’une relation de vacher à troupeau. Ces vaches sont plus que des animaux. Ce sont des êtres qui ont besoin d’amour, d’affection et de compréhension. Il doit être pour elles un guide, un repère. Il veille toujours à ce qu’elles ne manquent de rien. Chaque jour, il fait au moins deux tours de contrôle pour s’assurer de leur bien-être. Il repère les égarées, les conduit au reste du troupeau et soigne les blessées. Ce contact quotidien joue sans doute un rôle important dans leur rapprochement.

Vivre dans la montagne, laisser ses vaches paître en toute tranquillité, Daniel pense qu’il est privilégié.

«   Je ne me pose pas la question de savoir comment donner à boire et à manger à mes vaches comme c’est le cas dans d’autres pays. Pour moi, ça, c’est un privilège », reconnaît-il.

D’après lui, être vacher dans la montagne n’empêche pas de mener une vie sociale bien remplie et d’être proche des siens. Ses parents lui rendent visite une fois par mois et il reçoit aussi parfois des amis dans son refuge. Par ailleurs, Daniel confie qu’il est difficile d’entretenir une relation amoureuse stable quand on exerce son métier.

 

Lire la suite
17. juil.
2013
Société
5

Le savon anti-malaria pour prévenir le paludisme

L’un est Burkinabè et l’autre est Burundais. Près de quatre mois après leur sacre pour l’obtention du premier prix de la compétition internationale d’entrepreneuriat social à Berkeley (site en anglais) en Californie. Moctar Dembélé et Gérard Nyondiko ont eu le temps de savourer leur succès international. Néanmoins, ils continuent d’améliorer le Faso Soap pour que ce projet soit effectif. Voici l’interview des inventeurs du Faso Soap ou le savon anti-malaria.

Moctar et Gérard fabriquant des échantillons du Faso Soap
Moctar et Gérard fabriquant des échantillons du Faso Soap

A quel stade êtes vous avec le projet Faso Soap après l’obtention de votre prix?

C’était un réel plaisir pour nous d’avoir remporté ce prix. C’est la première fois qu’une équipe africaine arrive à remporter le premier prix d’entrepreneuriat social à Berkeley et le prix du public. Nous avons cru en notre projet et nous avons su le porter loin. Donc en nous donnant ce prix, on nous a fait confiance tout en nous encourageant à aller de l’avant. Nous essayons de le perfectionner tout en avançant dans nos études. Il y a encore des analyses complémentaires à faire pour que le Faso Soap puisse respecter les normes internationales de l’OMS avant sa commercialisation et son utilisation.

Comment le projet Faso Soap a-t-il commencé ?

Avant d’intégrer le 2ie, je travaillais déjà dans mon pays et j’avais pour ambition d’être un jour entrepreneur, de faire quelque chose pour la société. Donc quand je venais au Burkina, j’avais l’idée de monter un projet. Et heureusement pour moi, notre programme de formation a commencé avec le cours de création d’entreprise et de business plan. C’est ainsi que des groupes de travail ont été formés et nous nous sommes retrouvés dans le même groupe et nous avons travaillé pour développer le projet Faso Soap.

Pourquoi un savon contre le paludisme ?

Le paludisme parce que même si les populations ne s’en rendent pas compte, c’est l’une des maladies les plus dangereuses et aussi la première cause de mortalité en Afrique devant même le SIDA. Ce qui veut dire que c’est un problème de santé public. Cela nous a conduit à penser à une solution préventive. En raison de la pauvreté, les moyens de prévention tels que les moustiquaires, les sprays et crème anti-moustiques sont pour la plupart inaccessibles  et nous avons aussi voulu innover en la matière.

Comment le Faso Soap agit-il en tant que moyen préventif contre le paludisme ?

Notre savon est à multiple usage. Il peut être utilisé pour la lessive, la vaisselle et aussi pour se laver. Une fois que ces eaux usées sont déversées, elles s’attaquent aux larves des moustiques et empêchent leur développement et leur prolifération. En Afrique, nous avons un vrai problème d’assainissement ce qui attire les moustiques, nous avons alors pensé que les eaux usées qui deviennent des nids de moustiques pourraient être la voie pour combattre ces moustiques.

Les deux inventeurs du Faso SoapPh. Kpénahi Traoré
Les deux inventeurs du Faso Soap
Ph. Kpénahi Traoré

Beaucoup de projets se révèlent à long terme inefficace ou révèlent des risques insoupçonnés, que prévoyez-vous si cela arrivait ?

C’est pour éviter ce type de désagrément et pour ne pas mettre la vie des populations en danger que nous n’avons pas immédiatement lancé notre savon. C’est un produit que nous voulons international et qui soit distribué à grande échelle. Il faut donc faire toutes les vérifications possibles Nous voulons avant tout prouver son efficacité et nous prévoyons des tests dans d’autres laboratoires accrédités afin de vérifier si le Faso Soap ne causera pas plus tard des effets secondaires.

Lire la suite
Article : Côte d’Ivoire, le mystère Amadé Ouérémi
Politique
2
23 mai 2013

Côte d’Ivoire, le mystère Amadé Ouérémi

Le samedi 18 mai dernier, en suivant le journal télévisé d’une chaîne de télévision africaine, j’apprends qu’un certain Amadé Ouérémi,  chef milicien d’origine burkinabè a été arrêté par les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), dans la forêt du mont Péko dans l’Ouest de la Côte d’Ivoire.

Je n’avais pas prêté une attention particulière à cette information, mais à l’évocation des origines burkinabè de l’intéressé, je me suis tout de suite senti interpellée. Sur les images présentées, je découvre un petit bonhomme au physique ingrat portant un blouson sous lequel un tee shirt de couleur verte qui semble être celui des FRCI (si on se fie aux mêmes portés par deux personnes debout derrière Amadé Ouérémi),  et un keffieh sur la tête. Avant cet instant, je n’avais auparavant jamais vu ce visage, ni entendu parler de l’homme même aux périodes chaudes de la crise en Eburnie.

Amadé Ouérémi en avant plan
Amadé Ouérémi en avant plan

Les raisons qui ont prévalu son arrestation.
Amada Ouérémi et ses hommes, estimés à environ 400, sont soupçonnés d’être les auteurs du massacre de Duékoué en mars 2011. En son temps, ils combattaient aux côtés des FRCI. Mais cette arrestation me met dans une profonde inquiétude. Une inquiétude justifiée parce que le Burkinabè a toujours été considéré en Côte d’Ivoire comme l’imposteur, celui qui vient  s’accaparer des terres des autochtones. J’ai peur en ce sens que cela pourrait susciter un regain de violence envers les ressortissants Burkinabè vivant en Côte d’Ivoire, surtout dans l’Ouest du pays.

Cet homme aurait illégalement occupé ce territoire forestier où il s’adonnait à la culture du café et du cacao et imposé sa suprématie  pendant 10 bonnes années sur la forêt du mont Péko sans qu’il ne soit en aucun moment inquiété. Il menait donc une vie paisible de « roi de la forêt Péko » jusqu’à cette date du 18 mai 2013. Pourquoi les autorités ivoiriennes ont-elles attendu aussi longtemps pour arrêter Amadé Ouérémi  et mettre fin à ses activités dites illégales? Comment cet homme a pu vivre « clandestinement » dans une forêt classée, donc une forêt sous la protection de l’Etat ivoirien pendant 10 ans ? Où et à qui vendait-il son café-cacao ?

Il faut aussi voir dans cette arrestation, une stratégie de dédouanement du pouvoir d’Abidjan auprès de la justice ivoirienne ou de la Cour pénale internationale (CPI). En effet, le camp du président Alassane Ouattara est accusé de mener une justice à deux vitesses, n’arrêtant et ne jugeant uniquement que les partisans de l’ancien président Laurent Gbagbo.  Amadé Ouérémi ayant combattu avec ses milices aux côtés des FRCI pendant la crise post électorale, il servira alors de mouton de sacrifice du camp Ouattara à la place des chefs de guerre dont les têtes sont réclamées par la CPI.

Lire la suite
Article : Le Burkina Faso, un malade ambulant
Politique
4
12 mai 2013

Le Burkina Faso, un malade ambulant

Rien à dire, le Burkina Faso va mal en ses dirigeants. Que cachent-ils donc sous leurs masques dorés et sous leurs sourires flamboyants ?Après les spéculations sur l’état de santé du Blaiso (Blaise Compaoré) qui fait couler beaucoup d’encres et de salives, c’est au tour du ministre burkinabè des Affaires étrangères, Djibril Bassolé de montrer des signes de faiblesse.

Djibril Bassolé juste avant  son effondrement
Djibril Bassolé juste avant son effondrement

En effet, suite à un malaise, Djibril Bassolé s’est effondré le jeudi 9 mai dernier devant les caméras à Ankara en Turquie, lors d’une conférence de presse avec son homologue turque.  La vidéo de l’incident a aussitôt été publiée par plusieurs site d’informations. On y voit le chef de la diplomatie burkinabè vacillé pour terminer sa chute sur le plancher. Des gens présents dans la salle ont tout de suite accouru pour lui porter secours. Djibril Bassolé a ensuite été conduit hors de la salle en marchant.

Mais aux dernières nouvelles, Djibril Bassolé a été joint au téléphone par la  Télévision du Burkina Faso (TNB), et il rassure les Burkinabè que sa chute est due à « un coup de fatigue ». vue sur ce angle, cette justification peut se comprendre parce que le chef de la diplomatie burkinabè gère plusieurs dossiers de crise en ce moment. Il est sur tous les fronts, partout où ça gronde dans la région. Au Mali, en Guinée, au Darfour, en Côte d’Ivoire… Djibril Bassolé joue le rôle d’envoyé spécial de notre médiateur international qui semble ne plus avoir envie ou ne plus pouvoir (son état de santé ?) porter à temps plein son costume de facilitateur dans lequel il commence sérieusement à flotter.

Djibril Bassolé
Djibril Bassolé

Ce malaise de Djibril Bassolé en dit long sur la santé de ceux qui nous gouvernent et accentue encore plus les supputations sur l’état de santé de nos dirigeants. Un sujet qu’on n’ose pas aborder au pays des hommes intègres, même dans les médias. Après tout, ils sont des mortels et finiront sous terre de la même manière que le mendiant assis au bord de la chaussée. A quoi bon créer le mystère autour de leur état de santé? Apparemment rien. Mais à y voir clair, dans le cas du Burkina Faso, évoquer la santé fragile du président reviendrait immédiatement à se poser des questions sur sa succession et aussi le cas de l’article 37. Par contre ce qui me sidère le plus dans cette affaire, c’est que les médias burkinabè se sont tous accrochés à l’idée que c’est un coup de fatigue. je n’affirme pas le contraire. Et même si les causes du malaise du ministre se trouvent ailleurs, est-ce un crime d’en parler ou d’investiguer là-dessus?

Comme quoi, malgré tout leur pouvoir et leurs richesses, ils ne sont pas immortels. Malgré les efforts pour camoufler mal-être et montrer aux yeux des Burkinabè que tout va bien pour eux dans le meilleur des mondes, le corps a ses limites et il n’hésite pas à craquer au grand jour quand ses limites sont franchies. Ne dit-on pas que « toute personne bien portante est un malade qui s’ignore »? Dans ce cas précis il faut dire que « tout président ou tout ministre bien portant est un malade qui s’ignore ».

@Kpenahiss

Lire la suite
»
  • 1
  • 2
  • 3
  • 4
L'information à ma façon

Auteur·e

L'auteur: Kpénahi Traoré
Kpénahi Traoré, blogueuse burkinabè , étudiante à l'Ecole Supérieure de Journalisme (ESJ) de Lille et engagée dans l'aventure Mondoblog. Je suis sensible aux problématiques sociales. Ma philosophie, être moi-même et toujours apprendre. J’ai passé 4 ans au département de Communication et Journalisme de l’Université de Ouagadougou. J’aime découvrir d’autres cultures, j’aime voyager, j’aime lire, écrire et passer des heures sur Internet.

Populaires

Article : Marchandage à la sénégalaise
Marchandage à la sénégalaise
15 avril 2013
Le savon anti-malaria pour prévenir le paludisme
17 juillet 2013
Article : Jazz à Ouaga 2013, on y va pour une semaine de jazz
Jazz à Ouaga 2013, on y va pour une semaine de jazz
1 mai 2013
Roms, que font les associations ?
29 octobre 2013
Article : Le Burkina Faso, un malade ambulant
Le Burkina Faso, un malade ambulant
12 mai 2013
Allo ici Kpénahi © 2023
-
BLOG DU RÉSEAU MONDOBLOG
Mentions légales Centre de préférences