« J’ai eu une révélation et je suis devenu vacher »

19 août 2013

« J’ai eu une révélation et je suis devenu vacher »

Daniel Vallat et ses vachesph. Céline Miault
Daniel Vallat et ses vaches
(photo: Céline Miault)

C’est l’histoire d’un vacher installé dans la montagne sur le « crêt de bœuf » dans les environs du Col du Merdaret.  Je l’ai rencontré lors d’une randonnée dans le massif de la Belledonne, dans les alpes françaises. Depuis le sommet, Daniel Vallat mène son activité à environ 2000 mètres d’altitude. Loin des regards, il prend soin de ses vaches.

Daniel Vallat a vu le jour en 1978, à Colombe-lès-Vienne, commune située dans le département du Rhône. Son père était maçon et sa mère ouvrière dans une usine de textile. Enfant, il n’a jamais pensé que sa vocation le conduirait un jour dans les alpages. Et pourtant, c’est le cas aujourd’hui. Depuis trois ans, Daniel passe ses journées à s’occuper de ses 288 vaches appartenant à 13 éleveurs.

 

Tu seras vacher

Avant de se révéler vacher, il a d’abord travaillé comme ouvrier dans des usines, sur des chantiers. Il a aussi été au chômage avant de trouver sa voie. Se consacrer au bien-être des animaux. Cette idée lui ai venue comme une révélation. Une bénédiction divine serait-on tenté de dire.

« J’avais 26 ans, ma copine venait de me quitter, je n’avais plus de boulot. Mes amis se sont éloignés de moi. J’étais dans une sorte de dépression quand j’ai eu cette révélation. Un jour alors que je me regardai dans la glace, trois phrases ont résonné dans ma tête. ‘’Je tue. Je suis bien. Je suis un vacher’’ », raconte-t-il.

A partir de ce  moment-là, son destin était scellé. Presque convaincu que sa mission sur terre le prédestinait au gardiennage de troupeaux, il a donné une nouvelle orientation à sa vie. On pourrait donc dire que Daniel Vallat n’a pas choisi d’être vacher, mais c’est plutôt ce métier qui l’a choisi. Il suit alors pendant six mois une formation bergers-vachers d’alpage. Il apprend les techniques d’approche des troupeaux, comment leur parler et les soigner. Selon lui, une formation qui n’était pas obligatoire mais nécessaire quand on n’est pas issu d’un milieu paysan.

« C’est une porte d’entrée dans le métier, un moyen de connaître des éleveurs, des bergers, d’avoir des notions ».

Daniel Vallat s'occupe d'un veauPh. Céline Miault
Daniel Vallat s’occupe d’un veau
(Ph. Céline Miault)

Plus qu’un vacher, un guide

Entre Daniel et ses protégées, c’est plus qu’une relation de vacher à troupeau. Ces vaches sont plus que des animaux. Ce sont des êtres qui ont besoin d’amour, d’affection et de compréhension. Il doit être pour elles un guide, un repère. Il veille toujours à ce qu’elles ne manquent de rien. Chaque jour, il fait au moins deux tours de contrôle pour s’assurer de leur bien-être. Il repère les égarées, les conduit au reste du troupeau et soigne les blessées. Ce contact quotidien joue sans doute un rôle important dans leur rapprochement.

Vivre dans la montagne, laisser ses vaches paître en toute tranquillité, Daniel pense qu’il est privilégié.

«   Je ne me pose pas la question de savoir comment donner à boire et à manger à mes vaches comme c’est le cas dans d’autres pays. Pour moi, ça, c’est un privilège », reconnaît-il.

D’après lui, être vacher dans la montagne n’empêche pas de mener une vie sociale bien remplie et d’être proche des siens. Ses parents lui rendent visite une fois par mois et il reçoit aussi parfois des amis dans son refuge. Par ailleurs, Daniel confie qu’il est difficile d’entretenir une relation amoureuse stable quand on exerce son métier.

 

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Commentaires

Fofana Baba Idriss
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L'histoire est vraiment passionnant. Félicitation à Kpénahi et bonne continuation.

Kpénahi Traoré
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Merci Baba Idriss, bon courage à tous

Limoune
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Ah Kpénahi, tu ne nous avais pas habitué à ces paysages. Merci pour ce portrait. Je suis sure que la rando valait aussi le coup. Bon courage pour la suite

Kpénahi Traoré
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Merci Limoune, bon courage à toi aussi.