Kpénahi Traoré

Marchandage à la sénégalaise

Cinquante sujets aussi différents les uns des autres sur la capitale sénégalaise, c’était le paris de la team  Mondoblog lors de son séjour à Dakar. Réaliser une sorte d’album photos et de portefeuille de lecture sur Dakar.

Une commerçante sénégalaise.Ph. Kpénahi Traoré
Une commerçante sénégalaise
Photo : Kpénahi Traoré

Ainsi, chaque mondoblogueur  et mondoblogueuse était libre de traiter un sujet de son choix, un aspect de la vie à Dakar qui l’inspire. Sans attendre, et comme des prédateurs affamés, les 50 nouveaux Dakarois se sont dispersés à travers la ville à la recherche d’informations sensationnelles, originales à se mettre sous la plume. Vous êtes sans doute impatients de savoir à quoi je me suis attaquée dans cette immense cité de la Teranga. Et bien, vous serez surpris mais je n’avais aucune idée de ce que je voulais réaliser au cours de mon séjour « mondobloguais ». Pendant que les autres lançaient par-ci et par-là, les thèmes sur lesquels ils voudraient produire, je les observais sans broncher.

Un marché aux origines étrangères

Le lendemain, après maintes réflexions, je me suis décidée à me joindre Stéphane et Mamady (mondoblogueurs). Eux aussi n’avaient pas encore une idée claire de ce qu’ils voulaient traiter comme sujet. C’est ainsi que nous nous sommes dirigés au grand marché de Dakar, Sandaga. Un marché bien connu dans la sous-région. Selon la petite histoire, Sandaga, qui signifierait marché des étrangers en mooré (une langue nationale du Burkina Faso) a été crée par des commerçants venus du Burkina Faso. Ces derniers avaient fait de ce lieu, leur quartier général et un point de rencontre incontournable pour tous les commerçants. Aujourd’hui, bien que ce marché soit en grande partie occupé par les Sénégalais, son appellation Sandaga demeure.

Harceler pour mieux vendre

Dès que nous sommes descendus du mini bus, nous avons aussitôt été assaillis par des petits vendeurs à la recherche de leur pitance du jour. Ils ont tout de suite vu par nos styles vestimentaires et encore plus par notre accent que nous étions des étrangers. Je m’étais dit que je ne sortirai pas de ce marché sans mon sujet en tête. C’était mon objectif principal. Mais étant dans un marché, on peut parfois être tentée de faire des achats pour lesquels l’on n’est pas venu. Dans nos échanges avec certains commerçants, je me suis laissée aller à demander le prix d’un trousseau qui m’intéressait vraiment, mais qui me semblait assez coûteux. Mal m’en a pris.

Je n’avais jamais vu ailleurs auparavant, un commerçant aussi teigneux qu’au Sénégal. Il m’a poursuivi tout au long de notre promenade dans le marché. Par moment, je l’ignorais, je feignais de ne pas l’entendre. Rien n’y fait, il ne se décourageait pas. Il usait de tous les stratagèmes pour me mettre hors de moi, me culpabiliser afin que j’achète le trousseau. Il m’a littéralement harcelée pour me vendre son article. A un moment donné, j’ai cru qu’il m’agresserait tellement que la dispute est devenue houleuse. J’ai fini par ne plus l’écouter. Je l’ai laissé cracher son venin. Sentant que le marchandage tournait en sa défaveur, il se résigna à baisser de ton et à négocier pour que j’achète le trousseau. Après plusieurs tentatives,  il a fini par se rendre compte que je n’étais pas une cliente facile. Mais moi, ce que je voulais, c’était d’arriver à me débarrasser de lui, être libre et poursuivre mon chemin. En mini bus sur le chemin du retour, comme un tic, il m’est venu à l’idée d’écrire sur ce que je venais de vivre à Sandaga. Je tenais mon sujet.

Marchandez comme si vous séduisez

Séduisez-le ! Ne vous faites pas avoir du premier coup. Amenez-le à suivre votre rythme sans vous montrer autoritaire. Montrez que vous maîtriser la situation, que vous avez votre mot à dire, que vous savez ce que vous voulez. C’est ainsi que je qualifierai le marchandage avec un commerçant sénégalais. Un peu comme les relations hommes-femmes. Quand une femme veut séduire un homme. Elle se montre intéressée et lorsqu’elle sent que son homme lui est acquis, elle le laisse languir jusqu’à ce qu’il la supplie.

Ce que je retiens de cette promenade à Sandaga, c’est qu’il ne faut jamais se laisser influencer par ces commerçants, surtout quand on est étranger. J’ai fini par comprendre que leur technique d’approche consiste à mettre le client dans l’embarras pour l’amener à acheter. Ils essayeront également de jouer sur votre sensibilité en vous racontant leur vie. Ils n’auront aucune gène à vous lancer des phrases du genre « c’est votre seul intérêt qui vous intéresse. Vous n’êtes même pas capable d’acheter un petit article de 2 500 francs CFA ». Tout cela pour jouer avec vos nerfs et vous rendre coupable d’avoir profité d’eux. Dans tout les cas, ne tombez jamais dans le panneau. Une amie sénégalaise m’a confiée que la meilleure façon de marchander avec ses commerçants sans sa faire harceler et sans perdre de temps, c’est de toujours avoir de la monnaie sur soi quand on va au marché. Ainsi, lorsque vous voulez faire des achats, vous faites une proposition qui vous semble raisonnable. S’il refuse, tournez les talons et continuez votre chemin. Au bout de quelques secondes, il vous appellera en vous disant son prix. Restez campé sur votre position et montrez lui le montant que vous pouvez débourser. Il va encore sans doute se montrer réticent. Encore une fois, faites semblant de vous désintéresser et partez. Il vous dira aussitôt « c’est bon amenez l’argent ».


Mondoblog à la RSI à Dakar

 

Ziad Maalouf (droite) et Florian NgimbisPh. Kpénahi Traoré
Ziad Maalouf (droite) et Florian Ngimbis
Ph. Kpénahi Traoré 

Depuis le 6 avril dernier, la ville de Dakar est en mode Mondoblog. Une cinquantaine de membres du réseau de blogueurs et de blogueuses de Rfi est en sortie de formation et de production dans la capitale de la Teranga. Dans le cadre de ses activités, une équipe de Mondoblog a été reçue à la Radio Sénégalaise Internationale (RSI).

Pour la première fois depuis son lancement en 2010, Mondoblog a été reçu sur les ondes d’une radio le lundi 7 avril. Ziad Maalouf, promoteur de Mondoblog et animateur de l’émission Atelier des médias, Fréderic Bonnard, responsable du pôle numérique de France24/Rfi, Yann Le Beux du CTIC, Florian Ngimbis et Kpénahi Traoré, tous les deux des mondoblogueurs ont été les invités du journaliste sénégalais Alioune Diop dans son émission les matinales de la RSI. Pendant une trentaine de minutes, les échanges se sont déroulés autour du séjour des mondoblogueurs à Dakar, du lancement de la nouvelle application Ndaakaru (une application de géo localisation de la ville de Dakar), et de l’enregistrement de l’émission Atelier des médias.


Assassinat de Bernadette Tiendrébéogo : Femmes du Burkina Faso, indignez-vous !

Le 9 mars 2013, seulement un jour après la commémoration de la journée internationale de la femme, Bernadette Tiendrébéogo, 28 ans, est assassinée par son ex-petit ami, Alphonse Lompo, un élément du régiment de sécurité présidentielle, communément appelé RSP. Ce qui devrait provoquer un mouvement de protestation de la gent féminine est passé comme un fait anodin.

Bernadette Tiendrébéogo et son présumé assassin
Bernadette Tiendrébéogo et son présumé assassin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Aucune femme leader d’opinion, ou ayant une forte influence n’a daigné lever le petit doigt pour dénoncer cet nième meurtre de jeune fille, qui n’est autre que la pire forme des violences faites aux femmes. Même la ministre de la Promotion de la femme qui est censée défendre des droits des femmes n’a montré aucun intérêt à ce qui est arrivé à Bernadette Tiendrébéogo. Il n’y a pas de doute qu’elle ne veuille pas scier la branche sur laquelle elle est assise, mais comment une femme se fait tirer dessus à bout portant par son ex-petit ami et aucune voix ne se lève pour crier son indignation ? Cesilence des femmes burkinabè se résume à travers ces sept mots. « La pire des attitudes est l’indifférence », écrit Stéphane Hessel dans son manifeste Indignez-vous !  Il ne suffit pas de se réunir dans des salons feutrés pour initier des projets pour l’autonomisation des femmes, élaborer des stratégies de lutte contre l’excision, contre le mariage forcé et les violences faites aux femmes. La vraie lutte, commence par le fait de donner de la voix quand une femme se fait violenter. Malheureusement, de par leur indifférence, les femmes infligent elles-mêmes des souffrances morales à d’autres femmes.

Cette phrase de l’écrivain congolais Henri Lopez reprise par Norbert Zongo dans son éditorial du 16 janvier 1996 paru dans l’Indépendant n°29. « Le drame des peuples africains ne vient pas seulement des Palais. Il vient aussi de la rue… » Moi je dirai que la souffrance des femmes ne vient pas de ceux qui leur infligent cette souffrance. Elle vient aussi des femmes elles-mêmes. En clair, les femmes sont en partie responsables de ce qui leur arrive. Qui viendra le faire à leur place si elles ne sont pas capables de se défendre et dire non quand il  le faut ? Comment pourraient-elles réclamer des droits si elles ne sont pas capables de défendre une des leurs ? Comment pourraient-elles réclamer le respect du quota genre dans les élections législatives et municipales si elles ne démontrent aucune force de caractère pour se faire entendre?

 De nos jours, le 8 mars est devenu un jour de réjouissances, de flirts, de djandjoba* comme on le dit ici au Burkina Faso. Le cas Bernadette Tiendrébéogo devrait être  une bonne raison pour les femmes du Faso de démontrer que le 8 mars n’est pas fait que pour danser. Il est bien loin le temps où la journée internationale de la femme avait pour objectif premier, l’amélioration des conditions de travail des femmes ouvrières, l’obtention du droit et la recherche de la paix. Souvenez-vous en 1910, quand l’idée d’une journée internationale des femmes a été lancée pour la première fois par Clara Zetkin, c’était pour que cette journée devienne un jour de révolution pour les femmes. Là, une femme paye de sa vie, aucune indignation de la part des femmes.

C’est là que l’expression de Stéphane Hessel,  Indignez-vous  devrait prendre tout son sens, l’indignation des femmes burkinabè face à l’assassinat de Bernadette Tiendrébéogo. Les femmes de l’Afrique du Sud ont montré l’exemple quand le mannequin Reeva Steenkamp a été abattu le 14 février dernier par son petit-ami, l’athlète handisport Oscar Pistorius. Alors femmes du Burkina Faso indignez-vous !

 Djandjoba : réjouissance populaire de femmes, rythmée de danse et de chants.

 


Euzhan Palcy « le cinéma africain se porte bien »

Le film Tey du réalisateur Frano-Sénégalais Alain Gomis a remporté l’Etalon d’or de Yennenga à la 23 édition du Fespaco. Euzhan Palcy, la présidente du jury nous livre ses sentiments par rapport à ce film, sa vision du cinéma africain et aussi la place que la femme a occupée à cette biennale de Ouagadougou.

Euzhan PalcyPh. Kpénahi Traoré
Euzhan Palcy
Ph. Kpénahi Traoré

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Beaucoup de professionnels du cinéma n’avaient pas du tout parié sur Tey, qu’est ce qui séduit le jury dans ce film ?

Tey traite d’un sujet qui est très délicat, le dernier jour de vie d’un être humain. Le metteur en scène s’embarque avec une grâce cinématographique incroyable dans ce voyage d’un jour. A aucun moment on ne s’ennui, on ne décroche. On le suit, on est accroché à ce personnage, à ce qu’il fait, à ce qu’il vit. Et c’est vraiment une bouffée d’oxygène, c’est un sujet très actuel, ce n’est pas évident à faire. Tout fonctionne dans le film, le jeu d’acteur, les cadrages, l’émotion, le montage, le souci du détail, les silences, les explosions de joie, de bonheur et de grands moments de tristesse. C’était fabuleux, c’était vraiment un moment de prince ce film.

Tous les jurys de ce Fespaco ont été présidés par des femmes que pensez-vous de ce choix des organisateurs du festival ?

Je remercies le Fespaco d’avoir eu cette idée extraordinaire parce que c’est quelque chose d’unique. Le Fespaco a innové en faisant cela, en plaçant la femme au centre de tous les jurys. C’est la première fois que ça se fait, non seulement ici, mais aussi dans tous les festivals du monde. Cela me fait penser d’ailleurs à mon père spirituel, notre père spirituel Aimé Césaire, ce grand poète qui disait toujours que : « au début, il y avait la femme, la fondatrice de dynasties ». Donc le Fespaco a remis les femmes au centre.

Djamila Sarhraoui est la seule femme parmi les trois gagnants, qu’est ce qui vous a plu dans son film Yema ?

Ce qui a plu au jury dans Yema, c’est tout le travail, c’est la puissance cinématographique de ce film. Elle traite aussi d’un sujet assez complexe, la façon dont elle a traité l’image, la mise en scène, la direction d’acteurs et le sujet de l’intégrisme. Tout cela a contribué à rendre ce film magnifique. Pour moi , Yema est un petit chef d’œuvre, c’est très très beau, tout y ai.

Comment voyez-vous le cinéma africain aujourd’hui ?

Je pense que le cinéma africain se porte bien. Il a bien évolué et je lui souhaite de continuer à évoluer parce que nous allons de bonnes surprises en bonnes surprises. Il y a eu énormément de très beaux films, très divers, très riches.


Guy Kalou : « Le cinéma est une alternative pour résoudre le chômage »

Guy KalouPh. Kpénahi Traoré
Guy Kalou
Ph. Kpénahi Traoré

Le 23e Festival panafricain de cinéma et de la Télévision de Ouagadougou , le Fespaco a fermé ses portes le samedi 2 mars dernier. L’équipe du long métrage ivoirien « Et si Dieu n’existait pas !? » était de la partie pour promouvoir le film, qui était en compétition dans la catégorie vidéo et séries. L’acteur principal du film d’Alain Guikou dans l’interview qui suit parle de sa participation au Fespaco et du cinéma ivoirien.

Quel a été l’objet de votre participation au Fespaco ?

Je suis venu promouvoir le long métrage Et si Dieu n’existait pas !? Dans lequel je campe le personnage principal, Rey. Et si Dieu n’existait pas ? était en compétition dans la catégorie vidéo. C’était d’ailleurs ce seul long métrage qui représentait  la Côte d’Ivoire dans cette 23e édition du Fespaco. C’est une fiction longue qu’on a produit nous-mêmes et qui évoque les thèmes de l’amour, de l’espoir et du pardon. Ce long métrage est aussi l’accomplissement d’un rêve, d’une volonté collective d’un groupe de jeunes ivoiriens qui à un moment donné se sont dits, on veut aussi dire notre mot au cinéma. En  tant que producteur, on veut faire les choses un peu mieux et on pense que pour un premier coup d’essai, c’est acceptable.

Le film a été annoncé à Abidjan comme un film événement, qu’est-ce qui selon vous fait la particularité de ce film ?

Il y a des facteurs qui ont favorisé cette appellation effectivement. C’est les journalistes eux-mêmes là-bas qui ont baptisé ce film événement. Pour moi il y a déjà l’originalité de l’histoire que dans le fond que dans la forme qui a séduit les cinéphiles ivoiriens. Il y a également l’originalité du casting qui réunit sur un plateau les acteurs de différentes générations, les icônes de cinéma que sont Akissi Delta, Thérèse Taba et Norbert Etranny et la nouvelle Génération avec moi-même Guy Kalou et Marie Christine Beugré, Laury Koffi. Rassembler ces différentes générations sur un même plateau sans forcément que les anciens qui sont les icônes campent les rôles principaux mais donner la chance aux jeunes  de pouvoir à côté de ces anciens-là camper des rôles hyper-importants. C’était ça aussi le challenge. Que vous soyez en Europe ou en Afrique, vous regarder Et si Dieu n’existait pas ?, vous comprendrez le message. Nous racontons une histoire africaine à l’américaine pour dire aussi que sans vouloir du tout perdre notre identité, nous sommes capables de la transcrire dans un moule qui serait acceptable au-delà même de nos frontières ivoiriennes et partout africaines.

Vous avez joué au côté de grands noms du cinéma ivoirien Norbert Etranny, Akissi Delta, selon vous quelle place la nouvelle génération occupe aujourd’hui dans le cinéma ivoirien?

Pour moi la place de la jeunesse doit être une place qui vient révolutionner. Si vous êtes jeune acteur de cinéma ou producteur et que vous venez faire un film pareil à ce que les anciens font,  qu’est-ce que vous apportez de plus ? Il ne faut pas faire du copier-coller mais il faut se baser sur l’existent, respecter l’existent et s’en servir comme un facteur d’épanouissement, un facteur d’éclairage d’esprit pour pouvoir mieux faire .Parce qu’aujourd’hui,  les gens sont beaucoup plus exigeants, ils attentent mieux, ils attendent quelque chose de nouveau . Avant on pouvait facilement avoir des séries à la cour commune où on raconte nos histoires de foyer mais aujourd’hui, les gens ont aussi besoin de voir du bon cinéma surtout que la vidéo numérique a aujourd’hui pris une telle place que les gens ne se déplacent vraiment plus en salles. Pour moi la jeune génération doit faire en sorte que ses productions ramènent les gens en salles.

On remarque aussi que ces dernières années, il y a comme un boom dans la production cinématographique et aussi en matière de séries télévisuelles en Côte d’Ivoire, qu’est-ce qui est  à l’origine de cet explosion  selon vous ?

Déjà il faut encourager les gens parce que  la plupart des gens qui tournent en Côte d’Ivoire en tant que producteurs n’ont pas très souvent les moyens de le faire,  c’est seulement la passion qui les guide .C’est vrai qu’après ça peut nous engager dans un cinéma qui ne sera pas toujours forcément vendable en niveau extérieur mais c’est bon à encourager. Ça veut dire que les gens ont compris qu’il ne faut pas qu’on attende toujours forcément des dirigeants. Il faut qu’avec nos petits moyens, on arrive à faire ce qui nous passionne parce que le cinéma c’est d’abord la passion. C’est au fur et à mesure que cette passion deviendra quelque chose de banquable pour que les gens puissent prendre notre cinéma un peu plus au sérieux . Donc je pense que l’éclosion du cinéma aujourd’hui en Côte d’Ivoire est justificative de ce que je viens d’expliquer. Mais il y a aussi le fait que notre pays a une histoire qui finalement s’est résumée dans un certain nombre de crises que nous avons connues. Donc le cinéma essai d’apporter sa pierre  à l’édifice de la réconciliation. C’est d’ailleurs un canal pour moi qui devrait être suffisamment emprunté par nos dirigeants pour passer un message aux gens. Pendant longtemps, on est resté en crise. On est en train d’en sortir, aujourd’hui, donc l’environnement s’y prête.

Qu’attendez-vous à la sortie de ce Fespaco pour votre film « Et si Dieu n’existait pas ? »

Pour moi, avoir été au Fespaco, c’est déjà un gain. Pour nous ce Fespaco a été un Fespaco d’enseignement, un Fespaco qui nous a amené à vouloir acquérir une expérience, à regarder, à côtoyer les anciens. Et personnellement, c’était aussi l’occasion de collecter le maximum d’informations me permettant de mieux me préparer pour les prochaines éditions. Ce que j’espère, c’est que les dirigeants africains en particulier et les populations africaines en général comprennent une bonne fois pour toute que l’industrie du cinéma est une vraie alternative pour pouvoir résorber le chômage. Je ne dirai jamais assez, un film, c’est cinquante, soixante personnes que vous avez pendant des mois sur un plateau. Et donc pour moi si on veut pouvoir aider un peuple à résorber le chômage, il faut que les gens puissent penser au cinéma comme une vraie industrie parce que s’il y a une chose qui à mon avis manque beaucoup à l’Afrique, c’est la capacité à trouver des occupations saines pour la jeunesse.