Kpénahi Traoré

« J’ai eu une révélation et je suis devenu vacher »

Daniel Vallat et ses vachesph. Céline Miault
Daniel Vallat et ses vaches
(photo: Céline Miault)

C’est l’histoire d’un vacher installé dans la montagne sur le « crêt de bœuf » dans les environs du Col du Merdaret.  Je l’ai rencontré lors d’une randonnée dans le massif de la Belledonne, dans les alpes françaises. Depuis le sommet, Daniel Vallat mène son activité à environ 2000 mètres d’altitude. Loin des regards, il prend soin de ses vaches.

Daniel Vallat a vu le jour en 1978, à Colombe-lès-Vienne, commune située dans le département du Rhône. Son père était maçon et sa mère ouvrière dans une usine de textile. Enfant, il n’a jamais pensé que sa vocation le conduirait un jour dans les alpages. Et pourtant, c’est le cas aujourd’hui. Depuis trois ans, Daniel passe ses journées à s’occuper de ses 288 vaches appartenant à 13 éleveurs.

 

Tu seras vacher

Avant de se révéler vacher, il a d’abord travaillé comme ouvrier dans des usines, sur des chantiers. Il a aussi été au chômage avant de trouver sa voie. Se consacrer au bien-être des animaux. Cette idée lui ai venue comme une révélation. Une bénédiction divine serait-on tenté de dire.

« J’avais 26 ans, ma copine venait de me quitter, je n’avais plus de boulot. Mes amis se sont éloignés de moi. J’étais dans une sorte de dépression quand j’ai eu cette révélation. Un jour alors que je me regardai dans la glace, trois phrases ont résonné dans ma tête. ‘’Je tue. Je suis bien. Je suis un vacher’’ », raconte-t-il.

A partir de ce  moment-là, son destin était scellé. Presque convaincu que sa mission sur terre le prédestinait au gardiennage de troupeaux, il a donné une nouvelle orientation à sa vie. On pourrait donc dire que Daniel Vallat n’a pas choisi d’être vacher, mais c’est plutôt ce métier qui l’a choisi. Il suit alors pendant six mois une formation bergers-vachers d’alpage. Il apprend les techniques d’approche des troupeaux, comment leur parler et les soigner. Selon lui, une formation qui n’était pas obligatoire mais nécessaire quand on n’est pas issu d’un milieu paysan.

« C’est une porte d’entrée dans le métier, un moyen de connaître des éleveurs, des bergers, d’avoir des notions ».

Daniel Vallat s'occupe d'un veauPh. Céline Miault
Daniel Vallat s’occupe d’un veau
(Ph. Céline Miault)

Plus qu’un vacher, un guide

Entre Daniel et ses protégées, c’est plus qu’une relation de vacher à troupeau. Ces vaches sont plus que des animaux. Ce sont des êtres qui ont besoin d’amour, d’affection et de compréhension. Il doit être pour elles un guide, un repère. Il veille toujours à ce qu’elles ne manquent de rien. Chaque jour, il fait au moins deux tours de contrôle pour s’assurer de leur bien-être. Il repère les égarées, les conduit au reste du troupeau et soigne les blessées. Ce contact quotidien joue sans doute un rôle important dans leur rapprochement.

Vivre dans la montagne, laisser ses vaches paître en toute tranquillité, Daniel pense qu’il est privilégié.

«   Je ne me pose pas la question de savoir comment donner à boire et à manger à mes vaches comme c’est le cas dans d’autres pays. Pour moi, ça, c’est un privilège », reconnaît-il.

D’après lui, être vacher dans la montagne n’empêche pas de mener une vie sociale bien remplie et d’être proche des siens. Ses parents lui rendent visite une fois par mois et il reçoit aussi parfois des amis dans son refuge. Par ailleurs, Daniel confie qu’il est difficile d’entretenir une relation amoureuse stable quand on exerce son métier.

 


Le savon anti-malaria pour prévenir le paludisme

L’un est Burkinabè et l’autre est Burundais. Près de quatre mois après leur sacre pour l’obtention du premier prix de la compétition internationale d’entrepreneuriat social à Berkeley (site en anglais) en Californie. Moctar Dembélé et Gérard Nyondiko ont eu le temps de savourer leur succès international. Néanmoins, ils continuent d’améliorer le Faso Soap pour que ce projet soit effectif. Voici l’interview des inventeurs du Faso Soap ou le savon anti-malaria.

Moctar et Gérard fabriquant des échantillons du Faso Soap
Moctar et Gérard fabriquant des échantillons du Faso Soap

A quel stade êtes vous avec le projet Faso Soap après l’obtention de votre prix?

C’était un réel plaisir pour nous d’avoir remporté ce prix. C’est la première fois qu’une équipe africaine arrive à remporter le premier prix d’entrepreneuriat social à Berkeley et le prix du public. Nous avons cru en notre projet et nous avons su le porter loin. Donc en nous donnant ce prix, on nous a fait confiance tout en nous encourageant à aller de l’avant. Nous essayons de le perfectionner tout en avançant dans nos études. Il y a encore des analyses complémentaires à faire pour que le Faso Soap puisse respecter les normes internationales de l’OMS avant sa commercialisation et son utilisation.

Comment le projet Faso Soap a-t-il commencé ?

Avant d’intégrer le 2ie, je travaillais déjà dans mon pays et j’avais pour ambition d’être un jour entrepreneur, de faire quelque chose pour la société. Donc quand je venais au Burkina, j’avais l’idée de monter un projet. Et heureusement pour moi, notre programme de formation a commencé avec le cours de création d’entreprise et de business plan. C’est ainsi que des groupes de travail ont été formés et nous nous sommes retrouvés dans le même groupe et nous avons travaillé pour développer le projet Faso Soap.

Pourquoi un savon contre le paludisme ?

Le paludisme parce que même si les populations ne s’en rendent pas compte, c’est l’une des maladies les plus dangereuses et aussi la première cause de mortalité en Afrique devant même le SIDA. Ce qui veut dire que c’est un problème de santé public. Cela nous a conduit à penser à une solution préventive. En raison de la pauvreté, les moyens de prévention tels que les moustiquaires, les sprays et crème anti-moustiques sont pour la plupart inaccessibles  et nous avons aussi voulu innover en la matière.

Comment le Faso Soap agit-il en tant que moyen préventif contre le paludisme ?

Notre savon est à multiple usage. Il peut être utilisé pour la lessive, la vaisselle et aussi pour se laver. Une fois que ces eaux usées sont déversées, elles s’attaquent aux larves des moustiques et empêchent leur développement et leur prolifération. En Afrique, nous avons un vrai problème d’assainissement ce qui attire les moustiques, nous avons alors pensé que les eaux usées qui deviennent des nids de moustiques pourraient être la voie pour combattre ces moustiques.

Les deux inventeurs du Faso SoapPh. Kpénahi Traoré
Les deux inventeurs du Faso Soap
Ph. Kpénahi Traoré

Beaucoup de projets se révèlent à long terme inefficace ou révèlent des risques insoupçonnés, que prévoyez-vous si cela arrivait ?

C’est pour éviter ce type de désagrément et pour ne pas mettre la vie des populations en danger que nous n’avons pas immédiatement lancé notre savon. C’est un produit que nous voulons international et qui soit distribué à grande échelle. Il faut donc faire toutes les vérifications possibles Nous voulons avant tout prouver son efficacité et nous prévoyons des tests dans d’autres laboratoires accrédités afin de vérifier si le Faso Soap ne causera pas plus tard des effets secondaires.


Côte d’Ivoire, le mystère Amadé Ouérémi

Le samedi 18 mai dernier, en suivant le journal télévisé d’une chaîne de télévision africaine, j’apprends qu’un certain Amadé Ouérémi,  chef milicien d’origine burkinabè a été arrêté par les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), dans la forêt du mont Péko dans l’Ouest de la Côte d’Ivoire.

Je n’avais pas prêté une attention particulière à cette information, mais à l’évocation des origines burkinabè de l’intéressé, je me suis tout de suite senti interpellée. Sur les images présentées, je découvre un petit bonhomme au physique ingrat portant un blouson sous lequel un tee shirt de couleur verte qui semble être celui des FRCI (si on se fie aux mêmes portés par deux personnes debout derrière Amadé Ouérémi),  et un keffieh sur la tête. Avant cet instant, je n’avais auparavant jamais vu ce visage, ni entendu parler de l’homme même aux périodes chaudes de la crise en Eburnie.

Amadé Ouérémi en avant plan
Amadé Ouérémi en avant plan

Les raisons qui ont prévalu son arrestation.
Amada Ouérémi et ses hommes, estimés à environ 400, sont soupçonnés d’être les auteurs du massacre de Duékoué en mars 2011. En son temps, ils combattaient aux côtés des FRCI. Mais cette arrestation me met dans une profonde inquiétude. Une inquiétude justifiée parce que le Burkinabè a toujours été considéré en Côte d’Ivoire comme l’imposteur, celui qui vient  s’accaparer des terres des autochtones. J’ai peur en ce sens que cela pourrait susciter un regain de violence envers les ressortissants Burkinabè vivant en Côte d’Ivoire, surtout dans l’Ouest du pays.

Cet homme aurait illégalement occupé ce territoire forestier où il s’adonnait à la culture du café et du cacao et imposé sa suprématie  pendant 10 bonnes années sur la forêt du mont Péko sans qu’il ne soit en aucun moment inquiété. Il menait donc une vie paisible de « roi de la forêt Péko » jusqu’à cette date du 18 mai 2013. Pourquoi les autorités ivoiriennes ont-elles attendu aussi longtemps pour arrêter Amadé Ouérémi  et mettre fin à ses activités dites illégales? Comment cet homme a pu vivre « clandestinement » dans une forêt classée, donc une forêt sous la protection de l’Etat ivoirien pendant 10 ans ? Où et à qui vendait-il son café-cacao ?

Il faut aussi voir dans cette arrestation, une stratégie de dédouanement du pouvoir d’Abidjan auprès de la justice ivoirienne ou de la Cour pénale internationale (CPI). En effet, le camp du président Alassane Ouattara est accusé de mener une justice à deux vitesses, n’arrêtant et ne jugeant uniquement que les partisans de l’ancien président Laurent Gbagbo.  Amadé Ouérémi ayant combattu avec ses milices aux côtés des FRCI pendant la crise post électorale, il servira alors de mouton de sacrifice du camp Ouattara à la place des chefs de guerre dont les têtes sont réclamées par la CPI.


Le Burkina Faso, un malade ambulant

Rien à dire, le Burkina Faso va mal en ses dirigeants. Que cachent-ils donc sous leurs masques dorés et sous leurs sourires flamboyants ?Après les spéculations sur l’état de santé du Blaiso (Blaise Compaoré) qui fait couler beaucoup d’encres et de salives, c’est au tour du ministre burkinabè des Affaires étrangères, Djibril Bassolé de montrer des signes de faiblesse.

Djibril Bassolé juste avant  son effondrement
Djibril Bassolé juste avant son effondrement

En effet, suite à un malaise, Djibril Bassolé s’est effondré le jeudi 9 mai dernier devant les caméras à Ankara en Turquie, lors d’une conférence de presse avec son homologue turque.  La vidéo de l’incident a aussitôt été publiée par plusieurs site d’informations. On y voit le chef de la diplomatie burkinabè vacillé pour terminer sa chute sur le plancher. Des gens présents dans la salle ont tout de suite accouru pour lui porter secours. Djibril Bassolé a ensuite été conduit hors de la salle en marchant.

Mais aux dernières nouvelles, Djibril Bassolé a été joint au téléphone par la  Télévision du Burkina Faso (TNB), et il rassure les Burkinabè que sa chute est due à « un coup de fatigue ». vue sur ce angle, cette justification peut se comprendre parce que le chef de la diplomatie burkinabè gère plusieurs dossiers de crise en ce moment. Il est sur tous les fronts, partout où ça gronde dans la région. Au Mali, en Guinée, au Darfour, en Côte d’Ivoire… Djibril Bassolé joue le rôle d’envoyé spécial de notre médiateur international qui semble ne plus avoir envie ou ne plus pouvoir (son état de santé ?) porter à temps plein son costume de facilitateur dans lequel il commence sérieusement à flotter.

Djibril Bassolé
Djibril Bassolé

Ce malaise de Djibril Bassolé en dit long sur la santé de ceux qui nous gouvernent et accentue encore plus les supputations sur l’état de santé de nos dirigeants. Un sujet qu’on n’ose pas aborder au pays des hommes intègres, même dans les médias. Après tout, ils sont des mortels et finiront sous terre de la même manière que le mendiant assis au bord de la chaussée. A quoi bon créer le mystère autour de leur état de santé? Apparemment rien. Mais à y voir clair, dans le cas du Burkina Faso, évoquer la santé fragile du président reviendrait immédiatement à se poser des questions sur sa succession et aussi le cas de l’article 37. Par contre ce qui me sidère le plus dans cette affaire, c’est que les médias burkinabè se sont tous accrochés à l’idée que c’est un coup de fatigue. je n’affirme pas le contraire. Et même si les causes du malaise du ministre se trouvent ailleurs, est-ce un crime d’en parler ou d’investiguer là-dessus?

Comme quoi, malgré tout leur pouvoir et leurs richesses, ils ne sont pas immortels. Malgré les efforts pour camoufler mal-être et montrer aux yeux des Burkinabè que tout va bien pour eux dans le meilleur des mondes, le corps a ses limites et il n’hésite pas à craquer au grand jour quand ses limites sont franchies. Ne dit-on pas que « toute personne bien portante est un malade qui s’ignore »? Dans ce cas précis il faut dire que « tout président ou tout ministre bien portant est un malade qui s’ignore ».

@Kpenahiss


Jazz à Ouaga 2013, on y va pour une semaine de jazz

afficheLa 21e édition du festival Jazz à Ouaga est en marche depuis le vendredi 26 avril 2013, à Ouagadougou. Pendant une semaine, la capitale burkinabè vibrera au rythme des sonorités jazz. Les artistes invités vont faire voyager les festivaliers à travers le temps et faire renaître les émotions des années où le jazz voyait le jour à la Nouvelle Orléans, aux Etats-Unis.

Les mélomanes burkinabè et ceux venus d’ailleurs ne parleront qu’un seul langage, celui de la musique. Ce langage universel qui va au-delà des différences culturelles comme l’a rappelé Abdoulaye Diallo, président de l’Association Jazz à Ouaga.

C’est le jeune virtuose de la kora, le Guinéen Ba Cissoko qui a eu l’honneur d’ouvrir le festival . D’entrée en matière, Ba Cissoko a tout de suite accroché le public de l’Institut français de Ouagadougou de par son maniement de la kora. Alternant différents instruments traditionnels de musique, le tambour d’aisselle et la kora, il a tenu les festivaliers en haleine durant tout le concert.

Avec Ba Cissoko,  la musique est aussi une histoire de famille, chacun ayant sa spécialité. Pour former son groupe, il n’est pas passé par quatre chemin, le musicien s’est entouré de ses cousins. Kourou Kouyaté à la basse, Abdoulaye Kouyaté à la guitare et d’Artagnan à la batterie. Depuis la création de ce groupe en 1999, Ba Cissoko a su se positionner entre la tradition et la modernité. Il a parfaitement adapté sa musique aux sonorités modernes alliant ses instruments traditionnels aux instruments modernes. Tout au long de sa carrière, il s’est construit une identité musicale accessible aux anciennes comme aux nouvelles générations, et qui trouve ses racines au fin fond de sa Guinée natale.

Ba Cissoko en prestationPh. Kpénati T.
Ba Cissoko en prestation
Ph. Kpénati T.

Plusieurs autres musiciens et instrumentistes de renommée internationale défileront sur la scène du festival. Nous pouvons citer entre autres, Geoffrey Oryema (Ouganda), Groovin’ Poulp (France), Gansan (Belgique), Boubacar Traoré dit « Kar Kar » (Mali), J-Metro (USA), Ribouem (Togo-Cameroun), Fabien Degryse (Belgique), Bruut ! (Pays-Bas), Nicolas Folmer (France, Nouss Nabil et  Kantala du Burkina Faso.