Kpénahi Traoré

Que Dieu sauve les Universités du Burkina !

L’Association nationale des étudiants du Burkina, ANEB  observe un mot d’ordre de grève de 24 heures ce jeudi 11 octobre 2012. Comme à leur habitude, des membre de l’association monteront la garde ou feront des piquets de grève devant les amphithéâtres pour empêcher les étudiants d’y entrer. Je pleure les nouveaux bacheliers qui ne savent toujours  pas exactement quand ils pourront effectuer leur rentrée universitaire pour enfin goûter au bonheur ou du moins à la galère d’être étudiant.

Pourquoi donc ce mot d’ordre de grève ? En effet, suite aux événements de l’Université de Koudougou, 16  étudiants ont écopé de sanctions allant de l’annulation de leur session académique en cours, à l’exclusion temporaire de 1 à 5 ans et à l’exclusion définitive des Universités publiques et privées du Burkina Faso. Ces sanctions ont été prises le 5 octobre dernier  après la tenue d’un conseil de discipline de l’Université de Koudougou (UK), et entérinées par le Conseil des ministres de ce mercredi. Si le gouvernement s’en mêle, c’est dire toute la gravité des actes posés par les étudiants en question.  C’est aussi le début d’un long bras de fer entre le gouvernement et l’ANEB.

Les étudiants sanctionnés sont accusés de participation  à des manifestations ayant troublé l’ordre académique, agression de deux étudiants ayant causé des blessures, « attitudes de nature à compromettre l’action pédagogique , « attitudes, propos et comportements d’intolérance ayant entraîné un trouble à la vie administrative et académique ou causé un préjudice aux personnes et des sévices moraux ou physiques exercés contre un tiers; cas d’agression et de violence physique et verbale sur l’enseignant Mahamoudou Oubda, chef de département Histoire et Archéologie et directeur adjoint par intérim de l’UFR/LSH » . Les raisons de ces débordements, le calendrier des cours et des évaluations afin de rattraper le retard accusé sur le programme selon las autorités universitaires. Cette décision ne convenait pas à la section ANEB de l’UK qui a alors entrepris des mouvements de protestations rejetés par certains étudiants. https://news.aouaga.com/h/1221.html

Je ne soutiens ni le gouvernement, ni l’ANEB mais pour des gens consciencieux et intellectuels qui pensent à leur future, il n’est pas intelligent et approprié d’entamer des mouvements de grève qui vont encore une fois paralyser les activités universitaires et enfoncer plus l’Université de Ouagadougou dans le retard qu’elle peine à rattraper depuis au moins trois ans. Si des militants de l’ANEB ont mal agit, il ne faut pas s’entêter à les soutenir dans leurs fautes, il faut leur remonter les bretelles pour montrer que l’ANEB n’est pas seulement une association qui aime se faire remarquer par des grèves, mais aussi qu’elle sait ramener ses membres à l’ordre quand il le faut. Mais je peux encore rêver, car tout le monde le sait elle a horreur qu’on la contredise et pense détenir le monopole de la vérité, ce que les autres disent, ce n’est que des intoxications.  Balle à terre pour ne pas transformer notre temple du savoir en temple de la violence.

Je sais qu’après cet article, je serai traitée de fantoche, mais ce n’est pas grave. Vous ne partagerez pas tous mon avis, néanmoins, l’essentiel est que j’ai dit ce que je pensais.

https://www.lefaso.net/spip.php?article50634


Tolérance religieuse: le Burkina Faso, un exemple ?

Des dignitaires religieux lors du forum
source: Le pays

A l’heure où le débat religieux, surtout sur l’Islam, fait rage partout dans le monde, les autorités burkinabè se mettent dans l’air du temps, sans doute pour prévenir d’éventuels troubles sociaux dûs aux divergences religieuses au pays des Hommes intègres. C’est vrai que chez le voisin malien, une partie du pays est entre les mains des islamistes radicaux qui l’ont carrément transformé en « Far West ». Et qu’a-t-on trouvé pour intéresser les Burkinabè au sujet ? un forum national sur la laïcité qui s’est tenu à Ouagadougou du 27 au 29 septembre dernier. Franchement, je me demande à quoi sert en ce moment un forum de ce genre au Burkina Faso si ce n’est pour échauffer les esprits sur la tolérance ou l’intolérance religieuse. Il faut que les autorités burkinabè fassent attention à ne pas s’engager sur des terrains glissants qui risquent de mettre le feu au poudre.

Les internautes n’ont pas tardé à réagir à l’issue de ce forum comme s’ils n’attendaient que ça pour se lâcher.  Certains ont tout de suite soulevé les problématiques de la prolifération des lieux de culte, des bruits dérangeants provoqués par des séances de prières de certaines religions, du port du voile, bref. Des sujets qui apparemment n’intéressaient personne. Vu les réactions des uns et des autres, cela saute aux yeux que la tolérance religieuse est une bombe à retardement au Burkina Faso. Après lecture de plusieurs commentaires, et la haine qui s’y dégage, j’en ai peur. Je me demande si les Burkinabè sont prêts pour la tolérance religieuse, et à accepter l’autre avec ses différences, ses croyances et ses valeurs.

https://www.lepays.bf/?FORUM-NATIONAL-SUR-LA-LAICITE,7707


Adjara Ilboudo, veuve et videuse de poubelle

Adjara Ilboudo (en rouge) vide sa charette avec l’aide des autres

Passer ses journées à côtoyer les poubelles, être en contact permanent avec tout ce qui constitue les déchets et dégageant des odeurs nauséabondes, je n’en connais pas un grand nombre de personnes qui accepteront s’adonner à cette activité dite « salissante ». Pourtant, c’est le quotidien de Adjara Ilboudo, veuve depuis une dizaine d’années et mère de 8 enfants.

Adajara Ilboudo habite dans une maisonnette en banco, dans un quartier périphérique de Ouagadougou, communément appelé non-loti. Chaque jour, elle parcourt des kilomètres pour  aller travailler en ville, et ne rentre chez elle que dans la nuit. Dès 6 heures du matin, Adjara est déjà sur sa charrette pour faire le tour des maisons afin de collecter les ordures. Mais cette activité, elle ne l’a pas toujours exercée. C’est par nécessité et le besoin de s’occuper de ses enfants qu’elle s’y est mise. « Je ramassais du sable que je revendais. Cela ne me rapportais pas beaucoup d’argent.  Et quand mon mari est décédé, je n’avais plus de soutiens, j’ai donc décidé de faire ce travail pour nourrir mes enfants», explique-t-elle.

Adjara n’est pas seule à collecter les ordures ménagères. Comme elle, plusieurs autres femmes se trouvant dans une situation précaire font ce travail. Et pour mieux organiser  leur activité, elles se réunissent en sein d’une association pour travailler. C’est ainsi qu’ Adjara est membre de l’Association pour la salubrité et le recyclage des déchets (ASARED) crée depuis 1990 et qui recrute des personnes nécessiteuses, le plus souvent des femmes dans le besoin. Les années sont passées et le manque de matériels (charrettes, pelles, gants…) pour travailler se fait sentir.

Ainsi  comme dans tout travail, les difficultés ne manquent pas. En ramassant les ordures ménagères, cette mère de famille n’est le plus souvent pas protégée, pas de gants pour les mains, ni de cache-nez.  Elle s’expose à la poussière, aux odeurs pouvant lui causer des maladies.  Et pire encore, après tous ces efforts, elle doit encore affronter les humeurs de certaines personnes qui n’hésitent pas à lui lancer au visage des injures du genre « vous sentez ». Il y a même des ménages qui refusent de s’acquitter des frais de collecte de leurs déchets ménagers. Pour l’agent de recouvrement de l’ASARED, Géneviève Zongo, les gens trouvent tous les prétextes pour ne pas payer, et se défendent parfois du fait que les femmes ne font pas le travail convenablement.