Adjara Ilboudo, veuve et videuse de poubelle

Article : Adjara Ilboudo, veuve et videuse de poubelle
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30 septembre 2012

Adjara Ilboudo, veuve et videuse de poubelle

Adjara Ilboudo (en rouge) vide sa charette avec l’aide des autres

Passer ses journées à côtoyer les poubelles, être en contact permanent avec tout ce qui constitue les déchets et dégageant des odeurs nauséabondes, je n’en connais pas un grand nombre de personnes qui accepteront s’adonner à cette activité dite « salissante ». Pourtant, c’est le quotidien de Adjara Ilboudo, veuve depuis une dizaine d’années et mère de 8 enfants.

Adajara Ilboudo habite dans une maisonnette en banco, dans un quartier périphérique de Ouagadougou, communément appelé non-loti. Chaque jour, elle parcourt des kilomètres pour  aller travailler en ville, et ne rentre chez elle que dans la nuit. Dès 6 heures du matin, Adjara est déjà sur sa charrette pour faire le tour des maisons afin de collecter les ordures. Mais cette activité, elle ne l’a pas toujours exercée. C’est par nécessité et le besoin de s’occuper de ses enfants qu’elle s’y est mise. « Je ramassais du sable que je revendais. Cela ne me rapportais pas beaucoup d’argent.  Et quand mon mari est décédé, je n’avais plus de soutiens, j’ai donc décidé de faire ce travail pour nourrir mes enfants», explique-t-elle.

Adjara n’est pas seule à collecter les ordures ménagères. Comme elle, plusieurs autres femmes se trouvant dans une situation précaire font ce travail. Et pour mieux organiser  leur activité, elles se réunissent en sein d’une association pour travailler. C’est ainsi qu’ Adjara est membre de l’Association pour la salubrité et le recyclage des déchets (ASARED) crée depuis 1990 et qui recrute des personnes nécessiteuses, le plus souvent des femmes dans le besoin. Les années sont passées et le manque de matériels (charrettes, pelles, gants…) pour travailler se fait sentir.

Ainsi  comme dans tout travail, les difficultés ne manquent pas. En ramassant les ordures ménagères, cette mère de famille n’est le plus souvent pas protégée, pas de gants pour les mains, ni de cache-nez.  Elle s’expose à la poussière, aux odeurs pouvant lui causer des maladies.  Et pire encore, après tous ces efforts, elle doit encore affronter les humeurs de certaines personnes qui n’hésitent pas à lui lancer au visage des injures du genre « vous sentez ». Il y a même des ménages qui refusent de s’acquitter des frais de collecte de leurs déchets ménagers. Pour l’agent de recouvrement de l’ASARED, Géneviève Zongo, les gens trouvent tous les prétextes pour ne pas payer, et se défendent parfois du fait que les femmes ne font pas le travail convenablement.

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