Assassinat de Bernadette Tiendrébéogo : Femmes du Burkina Faso, indignez-vous !

Article : Assassinat de Bernadette Tiendrébéogo : Femmes du Burkina Faso, indignez-vous !
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15 mars 2013

Assassinat de Bernadette Tiendrébéogo : Femmes du Burkina Faso, indignez-vous !

Le 9 mars 2013, seulement un jour après la commémoration de la journée internationale de la femme, Bernadette Tiendrébéogo, 28 ans, est assassinée par son ex-petit ami, Alphonse Lompo, un élément du régiment de sécurité présidentielle, communément appelé RSP. Ce qui devrait provoquer un mouvement de protestation de la gent féminine est passé comme un fait anodin.

Bernadette Tiendrébéogo et son présumé assassin
Bernadette Tiendrébéogo et son présumé assassin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Aucune femme leader d’opinion, ou ayant une forte influence n’a daigné lever le petit doigt pour dénoncer cet nième meurtre de jeune fille, qui n’est autre que la pire forme des violences faites aux femmes. Même la ministre de la Promotion de la femme qui est censée défendre des droits des femmes n’a montré aucun intérêt à ce qui est arrivé à Bernadette Tiendrébéogo. Il n’y a pas de doute qu’elle ne veuille pas scier la branche sur laquelle elle est assise, mais comment une femme se fait tirer dessus à bout portant par son ex-petit ami et aucune voix ne se lève pour crier son indignation ? Cesilence des femmes burkinabè se résume à travers ces sept mots. « La pire des attitudes est l’indifférence », écrit Stéphane Hessel dans son manifeste Indignez-vous !  Il ne suffit pas de se réunir dans des salons feutrés pour initier des projets pour l’autonomisation des femmes, élaborer des stratégies de lutte contre l’excision, contre le mariage forcé et les violences faites aux femmes. La vraie lutte, commence par le fait de donner de la voix quand une femme se fait violenter. Malheureusement, de par leur indifférence, les femmes infligent elles-mêmes des souffrances morales à d’autres femmes.

Cette phrase de l’écrivain congolais Henri Lopez reprise par Norbert Zongo dans son éditorial du 16 janvier 1996 paru dans l’Indépendant n°29. « Le drame des peuples africains ne vient pas seulement des Palais. Il vient aussi de la rue… » Moi je dirai que la souffrance des femmes ne vient pas de ceux qui leur infligent cette souffrance. Elle vient aussi des femmes elles-mêmes. En clair, les femmes sont en partie responsables de ce qui leur arrive. Qui viendra le faire à leur place si elles ne sont pas capables de se défendre et dire non quand il  le faut ? Comment pourraient-elles réclamer des droits si elles ne sont pas capables de défendre une des leurs ? Comment pourraient-elles réclamer le respect du quota genre dans les élections législatives et municipales si elles ne démontrent aucune force de caractère pour se faire entendre?

 De nos jours, le 8 mars est devenu un jour de réjouissances, de flirts, de djandjoba* comme on le dit ici au Burkina Faso. Le cas Bernadette Tiendrébéogo devrait être  une bonne raison pour les femmes du Faso de démontrer que le 8 mars n’est pas fait que pour danser. Il est bien loin le temps où la journée internationale de la femme avait pour objectif premier, l’amélioration des conditions de travail des femmes ouvrières, l’obtention du droit et la recherche de la paix. Souvenez-vous en 1910, quand l’idée d’une journée internationale des femmes a été lancée pour la première fois par Clara Zetkin, c’était pour que cette journée devienne un jour de révolution pour les femmes. Là, une femme paye de sa vie, aucune indignation de la part des femmes.

C’est là que l’expression de Stéphane Hessel,  Indignez-vous  devrait prendre tout son sens, l’indignation des femmes burkinabè face à l’assassinat de Bernadette Tiendrébéogo. Les femmes de l’Afrique du Sud ont montré l’exemple quand le mannequin Reeva Steenkamp a été abattu le 14 février dernier par son petit-ami, l’athlète handisport Oscar Pistorius. Alors femmes du Burkina Faso indignez-vous !

 Djandjoba : réjouissance populaire de femmes, rythmée de danse et de chants.

 

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