Guy Kalou : « Le cinéma est une alternative pour résoudre le chômage »

4 mars 2013

Guy Kalou : « Le cinéma est une alternative pour résoudre le chômage »

Guy KalouPh. Kpénahi Traoré
Guy Kalou
Ph. Kpénahi Traoré

Le 23e Festival panafricain de cinéma et de la Télévision de Ouagadougou , le Fespaco a fermé ses portes le samedi 2 mars dernier. L’équipe du long métrage ivoirien « Et si Dieu n’existait pas !? » était de la partie pour promouvoir le film, qui était en compétition dans la catégorie vidéo et séries. L’acteur principal du film d’Alain Guikou dans l’interview qui suit parle de sa participation au Fespaco et du cinéma ivoirien.

Quel a été l’objet de votre participation au Fespaco ?

Je suis venu promouvoir le long métrage Et si Dieu n’existait pas !? Dans lequel je campe le personnage principal, Rey. Et si Dieu n’existait pas ? était en compétition dans la catégorie vidéo. C’était d’ailleurs ce seul long métrage qui représentait  la Côte d’Ivoire dans cette 23e édition du Fespaco. C’est une fiction longue qu’on a produit nous-mêmes et qui évoque les thèmes de l’amour, de l’espoir et du pardon. Ce long métrage est aussi l’accomplissement d’un rêve, d’une volonté collective d’un groupe de jeunes ivoiriens qui à un moment donné se sont dits, on veut aussi dire notre mot au cinéma. En  tant que producteur, on veut faire les choses un peu mieux et on pense que pour un premier coup d’essai, c’est acceptable.

Le film a été annoncé à Abidjan comme un film événement, qu’est-ce qui selon vous fait la particularité de ce film ?

Il y a des facteurs qui ont favorisé cette appellation effectivement. C’est les journalistes eux-mêmes là-bas qui ont baptisé ce film événement. Pour moi il y a déjà l’originalité de l’histoire que dans le fond que dans la forme qui a séduit les cinéphiles ivoiriens. Il y a également l’originalité du casting qui réunit sur un plateau les acteurs de différentes générations, les icônes de cinéma que sont Akissi Delta, Thérèse Taba et Norbert Etranny et la nouvelle Génération avec moi-même Guy Kalou et Marie Christine Beugré, Laury Koffi. Rassembler ces différentes générations sur un même plateau sans forcément que les anciens qui sont les icônes campent les rôles principaux mais donner la chance aux jeunes  de pouvoir à côté de ces anciens-là camper des rôles hyper-importants. C’était ça aussi le challenge. Que vous soyez en Europe ou en Afrique, vous regarder Et si Dieu n’existait pas ?, vous comprendrez le message. Nous racontons une histoire africaine à l’américaine pour dire aussi que sans vouloir du tout perdre notre identité, nous sommes capables de la transcrire dans un moule qui serait acceptable au-delà même de nos frontières ivoiriennes et partout africaines.

Vous avez joué au côté de grands noms du cinéma ivoirien Norbert Etranny, Akissi Delta, selon vous quelle place la nouvelle génération occupe aujourd’hui dans le cinéma ivoirien?

Pour moi la place de la jeunesse doit être une place qui vient révolutionner. Si vous êtes jeune acteur de cinéma ou producteur et que vous venez faire un film pareil à ce que les anciens font,  qu’est-ce que vous apportez de plus ? Il ne faut pas faire du copier-coller mais il faut se baser sur l’existent, respecter l’existent et s’en servir comme un facteur d’épanouissement, un facteur d’éclairage d’esprit pour pouvoir mieux faire .Parce qu’aujourd’hui,  les gens sont beaucoup plus exigeants, ils attentent mieux, ils attendent quelque chose de nouveau . Avant on pouvait facilement avoir des séries à la cour commune où on raconte nos histoires de foyer mais aujourd’hui, les gens ont aussi besoin de voir du bon cinéma surtout que la vidéo numérique a aujourd’hui pris une telle place que les gens ne se déplacent vraiment plus en salles. Pour moi la jeune génération doit faire en sorte que ses productions ramènent les gens en salles.

On remarque aussi que ces dernières années, il y a comme un boom dans la production cinématographique et aussi en matière de séries télévisuelles en Côte d’Ivoire, qu’est-ce qui est  à l’origine de cet explosion  selon vous ?

Déjà il faut encourager les gens parce que  la plupart des gens qui tournent en Côte d’Ivoire en tant que producteurs n’ont pas très souvent les moyens de le faire,  c’est seulement la passion qui les guide .C’est vrai qu’après ça peut nous engager dans un cinéma qui ne sera pas toujours forcément vendable en niveau extérieur mais c’est bon à encourager. Ça veut dire que les gens ont compris qu’il ne faut pas qu’on attende toujours forcément des dirigeants. Il faut qu’avec nos petits moyens, on arrive à faire ce qui nous passionne parce que le cinéma c’est d’abord la passion. C’est au fur et à mesure que cette passion deviendra quelque chose de banquable pour que les gens puissent prendre notre cinéma un peu plus au sérieux . Donc je pense que l’éclosion du cinéma aujourd’hui en Côte d’Ivoire est justificative de ce que je viens d’expliquer. Mais il y a aussi le fait que notre pays a une histoire qui finalement s’est résumée dans un certain nombre de crises que nous avons connues. Donc le cinéma essai d’apporter sa pierre  à l’édifice de la réconciliation. C’est d’ailleurs un canal pour moi qui devrait être suffisamment emprunté par nos dirigeants pour passer un message aux gens. Pendant longtemps, on est resté en crise. On est en train d’en sortir, aujourd’hui, donc l’environnement s’y prête.

Qu’attendez-vous à la sortie de ce Fespaco pour votre film « Et si Dieu n’existait pas ? »

Pour moi, avoir été au Fespaco, c’est déjà un gain. Pour nous ce Fespaco a été un Fespaco d’enseignement, un Fespaco qui nous a amené à vouloir acquérir une expérience, à regarder, à côtoyer les anciens. Et personnellement, c’était aussi l’occasion de collecter le maximum d’informations me permettant de mieux me préparer pour les prochaines éditions. Ce que j’espère, c’est que les dirigeants africains en particulier et les populations africaines en général comprennent une bonne fois pour toute que l’industrie du cinéma est une vraie alternative pour pouvoir résorber le chômage. Je ne dirai jamais assez, un film, c’est cinquante, soixante personnes que vous avez pendant des mois sur un plateau. Et donc pour moi si on veut pouvoir aider un peuple à résorber le chômage, il faut que les gens puissent penser au cinéma comme une vraie industrie parce que s’il y a une chose qui à mon avis manque beaucoup à l’Afrique, c’est la capacité à trouver des occupations saines pour la jeunesse.

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