Assassinat de Norbert Zongo, « le temps passe, l’injustice demeure »

17 décembre 2012

Assassinat de Norbert Zongo, « le temps passe, l’injustice demeure »

 

Graffiti de Norbert Zongo graphé par Deris. Ph. Kpénahi T.

13 décembre 1998, 13 décembre 2012, 14 années sont passées depuis l’assassinat du journaliste burkinabè Norbert Zongo et de trois de ses compagnons. 14 ans, et la lumière n’est toujours pas faite sur l’affaire Norbert Zongo qui restera une épine dans les pieds du pouvoir en place.

Comme il est de coutume depuis l’assassinat de Norbert Zongo, le Collectif des Organisations Démocratiques de masse et des Partis politiques a procédé au dépôt d’une gerbe de fleur sur la tombe du journaliste. Pour commémorer cet anniversaire, l’association Semfilms a organisé une série d’activités constituée de témoignages, d’ hommages d’artistes, de projections de films documentaires sur les premières heures du drame, un portrait géant du journaliste esquissé sous forme de graffiti.

Mais ce qui est encore inquiétant et déplorable, c’est le découragement qui a gagné certains militants et manifestants qui se mobilisaient depuis des années pour que justice soit faite. Au fil des ans, le nombre de personnes se réunissant pour participer aux activités commémoratives du 13 décembre diminue considérablement et la mobilisation faiblit. L’hebdomadaire d’Henry Sebgo (nom de plume qu’avait choisi Norbert Zongo) semble aussi en prendre un coup. Le journal n’est que l’ombre de lui-même ne n’attire plus les lecteurs.

Le fondateur de l’hebdomadaire L’Indépendant en quêtait sur une affaire de meurtre à la garde présidentielle quand il a été assassiné. Et depuis 2006, un non lieu a été prononcé, la raison avancée, pas d’éléments suffisants pour la poursuite de l’enquête. Mais le rédacteur en chef du bimensuel L’Evénement pense qu’il y a des éléments nouveaux. Selon Newton Barry, le sergent Babou Naon, l’un des témoins de l’affaire aurait récemment révélé dans une interview que « Naon a affirmé connaître le militaire qui avait tenté d’empoisonner le journaliste, et ce serait aussi celui-là même qui aurait conduit les assassins de Norbert Zongo le jour du drame ». N’est-ce pas une preuve suffisante pour relancer une affaire judiciaire classée non lieu ? Mais reste à savoir si la justice burkinabè fera preuve de justice en rouvrant le dossier. On n’a pas besoin de fréquenter la plus grande école de droit pour le savoir, à moins qu’on ne veuille pas élucider l’affaire ou qu’on ait peur de toucher ceux vers qui tous les éléments désignent comme coupables.

Pour que jamais ce jour du 13 décembre 1998 ne soit oublié, une stèle sera posée sur le lieu du drame le 20 décembre prochain. Une façon aussi de rappeler au pouvoir en place que l’ombre de Norbert Zongo ne cessera de planer et de hanter son sommeil tant que « le temps passe [et] l’injustice demeure ».

 

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