Récréatrales 2012, « la danseuse de l’eau » de Jean-Pierre Guingané à l’honneur

4 novembre 2012

Récréatrales 2012, « la danseuse de l’eau » de Jean-Pierre Guingané à l’honneur

Les deux comédiens au centre

Les Récréatrales, Résistances panafricaines d’écriture, de création et de diffusion théâtrales se sont officiellement ouvertes ce vendredi 2 novembre 2012, au siège de la Fédération du Cartel à Ouagadougou. Une ouverture aux airs carnavalesques avec une parade au village du festival, une animation de la fanfare de la garde nationale. Plusieurs pièces étaient programmées pour ce premier jour des Résistances. Mais j’ai choisi d’aller voir « la danseuse de l’eau », non pas parce que le titre est énigmatique ou beau à entendre, mais parce que cette pièce est sortie de l’imaginaire d’un grand homme de théâtre, de culture, le regretté Jean-Pierre Guingané. Voilà un peu plus d’un an que l’homme s’en est allé, mais il aura laissé un grenier dramaturgique riche en écritures théâtrales et en enseignements qui mériteraient d’être portés à l’écran ou sur les planches. Abidine Diori l’a peut être compris en assurant la mise en scène de « la danseuse de l’eau »,  cette œuvre littéraire de ce géant du théâtre burkinabè et africain.

« La danseuse de l’eau » est la confrontation de deux générations, celle de Kira, enfant innocent avide d’apprendre et celle de sa grand-mère N’Gandou débordant de connaissances. Kira partagé entre « l’école du blanc et l’école de la vieille N’Gandou » essaye de trouver un point d’équilibre et de  tirer le meilleur des deux enseignements comme lorsqu’un jour rentré de l’école, il demande à  sa grand-mère « pourquoi il y a autant d’eau sur la terre alors que la vieille Ngandou souffre tant pour en avoir ? » C’est là que commença réellement la trame de l’histoire dans un pays nommé le Bissakou, connu pour ses griots et sa danse traditionnelle le Goumbé, parfaitement maîtrisé par Kobrani la danseuse de l’eau. Il faut dire que l’histoire en elle-même est complexe tant son auteur Jean-Pierre Guingané laisse difficilement le profane y entrer. Ce qui fait dire à Saïdou Alcény Barry, critique culturelle que qu’il y a un « sentiment d’étrangeté qui nimbe celle-ci au milieu des œuvres dramatiques de son temps car elle se tient si loin de ces consœurs, dressée dans une immense solitude ».

Dans les rôles principaux, Mamadou Tindano dans la peau de N’Gandou et Paul Zoungrana dans l’esprit innocent de Kira. Le jeu d’acteur, rien à redire si ce n’est qu’une femme n’aurait peut être pas aussi bien interprété le personnage de la grand-mère N’Gandou comme l’a magistralement fait Mamadou Tindano. Entre les scènes de monologues et de répliques, Paul Zoungrana a aussi montré son talent de monologue et sa capacité en tant que comédien, à captiver l’attention du spectateur.

Et concernant la mise en scène, ce qui retient principalement l’attention, c’est que le metteur en scène Abidine Dioari a sans conteste exposé sa passion pour deux choses, la musique et le théâtre. Une combinaison entre ces deux éléments artistiques avec une bonne dose de danse a permis de passer d’une scène à l’autre sans que le public ne tombe dans l’ennui. Toutefois, certains passages musicaux étaient un peu forts au point que les voix des deux comédiens sur scène étaient par moment inaudibles. Deux autres points qui mériteraient d’être notés, c’est le caractère trop simpliste du décor et les costumes des comédiens qui ne semblaient pas adaptés à la situation, hormis le petit foulard de la vieille N’Gandou.

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