Roms, que font les associations ?
La communauté rom est le sujet phare de ces dernières semaines. Plusieurs camps ont été évacués à Lille. Face à cela, que font réellement les associations de défense des droits humains ? A quoi servent-elles ?
Debout sous la pluie, appareil photo accroché à son coup, Pierre-Claude Courtois fait des va-et-vient à l’entrée du camp de Lille Sud. Il regarde avec regret, les voitures s’éloigner. Des familles roms viennent d’être évacuées. Impuissant, il ne peut que leur faire un signe d’au revoir de la main. « Ils disent qu’ils vont en Roumanie. Mais je n’en suis pas sûr. Il y a beaucoup de terrains vides avant la Roumanie », murmure-t-il. Pierre-Claude est membre de l’association ATD quart monde. Il a pris l’habitude de rendre visite à ces familles roumaines et à discuter avec elles. Aujourd’hui, il assiste à leur départ sans pouvoir les aider. A travers lui, plusieurs associations de lutte pour les droits humains se retrouvent dans cette situation.
Amnesty International, Atelier solidaire, ATD quart monde, Ligue des droits de l’homme (LDH), Collectif solidarité Roms de Lille-Métropole : ils sont tous montés au créneau pour s’indigner face à l’évacuation des Roms de la métropole lilloise. Le délégué régional de la Ligue des droits de l’homme, Georges Voix s’insurge : « Les Roms ont des droits. On les met dans une situation où ces droits sont bafoués. » A ceux qui pensent qu’il y a trop de Roms en France, il répond : « Ce n’est pas une invasion. Le nombre de Roms en France est à peu près stable depuis le début. Ils sont environ 20 000 à 25 000 en France. »
Face à l’évacuation des Roms, Georges Voix déplore « l’impuissance des associations » surtout la LDH. Il défend son association qui intervient à un niveau précis. « Premièrement, nous ne sommes pas une association humanitaire. L’humanitaire s’apprend. Il faut pouvoir collecter les besoins sur le terrain, trouver ces besoins et les distribuer. »
Fort heureusement, le rôle des associations ne se limite pas à des déclarations à tout-va. Les associations existent pour défendre les personnes brimées dans leurs droits et aussi faire respecter ces droits. Pour Pierre-Claude Courtois d’ATD quart monde, « les associations sont là aussi pour faire des propositions, pour aller sur le terrain, et faire pression sur les politiques pour améliorer les choses. » Pour ce qui est des moyens de pression, les associations ont comme arme principale les manifestations. Elles demandent aussi des rencontres avec les décideurs politiques, adressent des courriers de protestations aux élus locaux. Ce qui reste insuffisant. Des propositions sont également faites, mais restent le plus souvent lettres mortes. L’une de ces recommandations pour le collectif solidarité Roms de Lille-Métropole a été de « demander à ce que chaque commune accepte d’accueillir 2 ou 3 familles roms. Ce qui n’a pas été respecté. » Mais selon Georges Voix, rien n’y fait. « Cela dépend de la volonté et du courage des politiques. Cette volonté est malheureusement absente. »
Dans la continuité de leur action, la LDH a initié des projets d’intégration des Roms dans la société française, notamment avec des cours de Français. Mais de l’avis de Georges Voix, les ressources financières étant limitées, il est difficile d’élargir le programme à un grand nombre de Roms.
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